Mayotte : après Chido et après les multiples réformes du droit du sol, quelles solutions à Mayotte ?

Le 14 Décembre 2024, les yeux de la France entière étaient rivés sur Mayotte : une île trop souvent oubliée, qui a été victime ce jour-là, d’un terrible cyclone qui a provoqué officiellement 39 morts, mais évidemment, il est extrêmement probable que le chiffre soit largement sous-estimé. Ce que cyclone a mis en lumière, c’est d’abord, la précarité extrême qui règne à Mayotte, que le cyclone a aggravé et donc l’aide dont a besoin le département d’Outre-mer en question pour s’en sortir. Très tôt, les débats sur l’immigration à Mayotte ont été mis sur la table, par le ministre de l’intérieur notamment, ce qui a provoqué des procès en xénophobie de certains. Si évidemment, quelques jours après un cyclone parler d’immigration n’était peut-être pas la meilleure idée, l’immigration demeure un problème fondamental à Mayotte, et si tout le monde s’est souvenu de l’existence de Mayotte en décembre 2024, cela fait des années que l’Île appelle à l’aide sur ce sujet. En effet, les conséquences de l’immigration Comorienne sont très concrètes : plus de 50 % des habitants de Mayotte sont étrangers, l’Île connaît une situation de quasi guerre civile (en témoignent les barrages mis en place en Avril 2024 par des collectifs des expulsions massives de clandestins), cela conduit à une pression immense sur l’ensemble des services publics mahorais (écoles et hôpitaux principalement) et cela provoque un drame humanitaire conséquent : puisqu’au moins 10 000 morts seraient décomptés dans la traversée en Kwassa-Kwassa entre les Comores et Mayotte depuis 1995.
Face à cela, très récemment, le groupe LR a déposé une proposition de loi qui a été adoptée à l’Assemblée Nationale, au cours de débats particulièrement lunaires, entre le Rassemblement National qui a tenté d’extrapoler la situation Mahoraise à l’échelle nationale et LFI qui nous vantait le vivre-ensemble, l’apaisement, critiquait une prétendue xénophobie, alors que nous parlons d’une situation de presque guerre civile à Mayotte. Evidemment, l’immigration n’est pas le seul problème à Mayotte : la vie chère aussi, mais le problème le plus important de Mayotte reste l’immigration. Il faut aussi faire attention aux discours qui cherchent à en tirer des conclusions nationales : en France métropolitaine, le taux d’étrangers est de 10 %, à Mayotte il est à plus de 50 %.
L’erreur des gouvernements successifs, nous allons le voir, est d’avoir considéré l’immigration à Mayotte exclusivement sous un angle national et donc comme un problème interne mais pas comme ce qu’elle est, à savoir, avant tout, un problème géopolitique. Une île aux multiples enjeux qu’il convient donc d’analyser.
Entre immigration incontrôlée et pauvreté extrême : Mayotte au centre des difficultés

Plusieurs chiffres pour comprendre le désarroi que vit Mayotte :
- Le taux de chômage à Mayotte est de 35 %, ce qui est un record absolu parmi tous les départements français
- Selon l’INSEE, le revenu annuel moyen à Mayotte était inférieur à 10 000 euros quand il est à presque 30 000 en France métropolitaine
- 77 % de la population vit sous le seuil de pauvreté quand ce taux est de 14,4 % en France métropolitaine
A cela nous pouvons ajouter une autre donnée, absolument essentielle, le vote RN bat des records à Mayotte : La liste RN aux européennes a fait 52,4 % à Mayotte et le département d’Outre-mer, aux dernières législatives, a offert son premier siège au RN dans un territoire d’Outre-mer (avec La Réunion la même année).
Mayotte c’est aussi un département connu pour ses nombreux bidonvilles. Kawéni en est le plus grand et compte 20 000 habitants (estimé). Il est très difficile d’estimer la population à Mayotte tant la croissance démographique est phénoménale due notamment à un afflux massif de migrants clandestins venant des Comores. De même, la présence accrue de bidonvilles, s’explique par l’incapacité du département à faire face à cet afflux de clandestins.
Récemment, Mayotte a donc fait parler d’elle par le cyclone Chido, qui a mis en lumière les faiblesses de l’aménagement du territoire Mahorais mais aussi les carences de l’Etat qui ne parvient pas à résoudre les problématiques d’accès à l’eau et à l’alimentation à Mayotte.
La proposition de loi LR

Encore plus récemment, Mayotte a fait parler d’elle à l’Assemblée Nationale, où le groupe LR a déposé une proposition de loi restreignant encore plus le droit du sol :
- La condition de séjour régulier pour bénéficier du droit du sol sera étendu aux deux parents (alors que c’est juste un seul depuis 2018 à Mayotte)
- La durée minimale de séjour régulier au moment de la naissance pour bénéficier du droit du sol est de trois ans au lieu de 3 mois.
De fait, la proposition de loi supprime quasiment le droit du sol. LFI, par souci électoraliste, n’a pas manqué une occasion de crier à la xénophobie, avec notamment une intervention particulièrement lunaire qui a mis en avant les liens soient-disant fraternels entre Mayotte et les Comores en faisant référence à un concert de rap auquel il avait assisté la semaine avant. Bref, encore une intervention qui vante le « vivre ensemble » au travers d’un concert de rap, totalement déconnectée de la situation chaotique que connaît Mayotte. Nous avons aussi pu assister à l’indécence la plus totale du député Sébastien Delogu, qui, bien qu’il nous ait habitué à des sorties tout autant plus au ras des pâquerettes les unes que les autres, s’est surpassé en reprochant à Estelle Youssoufa, députée Mahoraise qui a perdu sa maison lors du cyclone, de ne pas s’être impliquée suffisamment dans l’aide à Mayotte, alors que contrairement à eux, elle était sur l’île au moment du Cyclone et que son parcours ne laisse aucun doute sur son engagement en faveur des Mahorais. Encore une preuve que LFI et l’impertinence ne font qu’un.
les pouvoirs publics pendant des années, ont considéré le problème de Mayotte comme un problème interne, alors que c’est avant tout un problème géopolitique.
Revenons-en à l’immigration, la proposition de loi va évidemment, dans le bon sens, et les humanistes qui jouent les vierges effarouchées feraient bien d’ouvrir les yeux, on ne peut pas être humaniste quand nous faisons face à un département littéralement envahi, avec plus de 50 % de la population qui est étrangère, les beaux-discours ne fonctionnent pas.
Le problème c’est aussi le contrôle aux frontières, Gérald Darmanin, quand il était à Beauvau, avait annoncé un rideau de fer maritime pour contrer les venues de kwassas-kwassas, aujourd’hui cela reste une promesse.
Ce qu’il faut comprendre, c’est que le problème de fond, qui explique notamment pourquoi l’opération de rasage de bidonvilles qu’ont été Wuambushu et Wuambushu II ont été un échec. C’est que les Comores ne veulent pas récupérer leurs clandestins, et c’est justement tout le problème : les pouvoirs publics pendant des années, ont considéré le problème de Mayotte comme un problème interne, alors que c’est avant tout un problème géopolitique.
Les Comores et Mayotte


En effet, on ne peut comprendre la situation si nous ne regardons pas l’Histoire. Les Comores contestent la souveraineté française sur Mayotte. Ils contestent le référendum de 1974. Pour mémoire, celui-ci visait à l’indépendance des Comores : et consultaient 4 îles : la Grande Comore, Anjouan, Mohéli, Mayotte. Les trois premières ont voté massivement pour devenir indépendantes, Mayotte a choisi de rester française massivement aussi et a confirmé cette envie par plusieurs référendums par la suite : 1976 où 99% de la population Mahoraise a voté pour rester française.
Certains contestent la légalité du référendum de 1974, rappelons à cela :
- Mayotte n’a jamais fait partie des Comores de son Histoire
- Mayotte est française depuis 1841, soit avant certains départements français comme la Haute-Savoie
Parler d’une division des Comores qui serait illégale est totalement faux, Mayotte n’ayant jamais fait partie des Comores. De plus, ce serait totalement surréaliste de « donner « (et non rendre) Mayotte aux Comores, sachant que 99 % de la population en 2011 a voté pour devenir un département français. Ce serait en totale contradiction avec le principe d’autodétermination des peuples, dont pourtant l’ONU se revendique pour refuser de reconnaître la souveraineté française sur Mayotte.
Aujourd’hui, les Comores le disent ouvertement ; ils veulent prendre Mayotte et pour cela ils mènent une guerre hybride (car une guerre réelle ils ne peuvent pas) à travers l’arme migratoire pour envahir Mayotte petit à petit et donc pousser la France à lâcher Mayotte.

L’erreur française est de chercher à tous prix à mettre en œuvre des actions pour réduire l’immigration clandestine sans utiliser des leviers de pression sur les Comores, alors que la France en a trois particulièrement importants :
- L’aide au développement : la France est de loin la plus importante aidante aux Comores
- La coopération monétaire
- Les transferts financiers : avec la diaspora Comorienne en France très importante, à Mayotte mais aussi en métropole surtout Marseille, cela représente une somme considérable.
Trois leviers que la France peut utiliser pour faire pression.
Nous sommes en guerre !

Bruno Retailleau a eu le courage d’employer le terme de Guerre Hybride et il a raison : les Comores ne sont pas des amis. Pour reprendre une phrase célèbre : nous sommes en guerre ! Il faut rentrer dans un rapport de force et pour cela mettre fin à l’accord de coopération France-Comores, du moins provisoirement, car la contrepartie de l’accord de coopération était une aide au développement en échange d’un contrôle de l’immigration clandestine de la part des Comores. Les Comores n’ont pas respecté leur part du contrat à l’inverse de la France. Il faut donc suspendre l’aide au développement aux Comores et menacer d’aller plus loin (interdire les transferts financiers par ex : il faut savoir que cela représente 20 % du PIB Comorien) si les Comores ne font pas le nécessaire.
Evidemment que les mesures prises comme la réforme du droit du sol à Mayotte sont amplement nécessaires, mais considérer que seules des mesures internes peuvent suffire c’est une illusion. Comme le demandait la députée Estelle Youssoufa lors des débats sur la loi de programmation militaire il faut revenir à ce qu’il se faisait lors de la mandature Sarkozy, à savoir, l’implantation d’un bâtiment de la Marine Nationale dans le Canal entre Anjouan et Mayotte. Il faut aussi envisager la solution extrême : le blocus maritime total, même si cela nécessitera des apports conséquents.
La fausse crainte de l’influence étrangère
Certains journalistes rétorquent qu’il ne faudrait pas être trop dur avec les Comores, car ceux-ci pourraient se tourner vers d’autres puissances : la Chine ou la Russie. Déjà, soyons réalistes, la perte d’influence de la France en Afrique est une réalité, perdre l’influence française dans les Comores ou non, ce n’est pas ça qui va changer la géopolitique mondiale. De plus, certains parlent d’une influence Russe aux Comores. Sur quoi cela repose ? Un soutien affiché de la Russie aux revendications Comoriennes sur Mayotte et un drapeau Russe aperçu lors des manifestations contre Wumabushu. Tout cela, me paraît un peu juste pour affirmer qu’il y aurait une « influence » Russe aux Comores. Idem, pour la Chine, le seul acte concret qu’a fait la Chine pour les Comores, c’est de construire un hôpital à Anjouan…. Mais sans le personnel ! Ce qui fait qu’à Anjouan se trouve un magnifique hôpital flambant neuf… Mais vide !
La réalité, c’est que ces puissances que sont la Chine, la Russie ou les pays du Golfe ne pourront jamais remplacer un apport français majeur pour les Comores : les transferts financiers de la diaspora Comorienne : 20 % du PIB rappelons-le encore une fois. Il faut donc arrêter les craintes injustifiées, la France a largement les moyens de faire pression sur les Comores. D’une manière plus générale, si la France perd dramatiquement de l’influence en Afrique, il ne faut pas non plus exagérer ceci et rappelons que la Russie fournit une aide militaire, certes, mais en aucun cas une aide économique et que cette aide est souvent conditionnée de manière beaucoup plus exigeante que la France (que ce soit pour la Russie ou la Chine).
À Mayotte, l’immigration n’est évidemment pas le seul problème mais un problème central

Evidemment, l’immigration n’est pas le seul problème à Mayotte, mais il est un problème central ! Par exemple, il y a un taux de pauvreté très élevé à Mayotte car le SMIC y est plus faible qu’en France métropolitaine et le RSA est moitié moins plus faible qu’en France métropolitaine. Evidemment, il faudrait revaloriser tout cela, mais c’est impossible tant que le problème migratoire ne sera pas réglé sinon l’écart entre Mayotte et les Comores se creusera encore plus et fatalement cela va créer un appel d’air encore plus violent. Il faut aussi investir davantage à Mayotte, c’est un territoire qui a du potentiel. Il y a un manque d’infrastructures évident, mais encore une fois, tant que le problème démographique demeurera, rien ne sera possible. Il faut de l’attractivité pour Mayotte, et c’est un territoire avec beaucoup de potentiel, car portuaire.
- Il paraît invraisemblable par exemple, qu’un territoire avec de telles ressources dépende des importations alimentaires de France Métropolitaine.
- Une mesure provisoire pourrait être la suppression de l’octroi de Mer (une taxe supplémentaire en Outre-mer sur la consommation) qui serait compensée à l’euro près pour les collectivités.
- Plus d’incitations fiscales pour les entreprises à Mayotte
- Le tourisme est aussi un atout considérable pour ce territoire. Mais, encore une fois, il n’y aura pas d’activité économique tant qu’un état de quasi guerre civile règnera à Mayotte.
Pour conclure: un peu de courage !
L’Etat doit prendre son courage à deux mains et assumer le rapport de force avec les Comores. Evidemment, il est bon de le rappeler encore une fois: ceux qui veulent tirer des conclusions nationales de ce qu’il se passe à Mayotte se trompent complètement. Plus d’un habitant sur 2 à Mayotte est étranger, dans toute la France le taux d’étrangers est de 10 %: bref incomparable !