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Primaires écologistes : Qui est le plus démagogue ?

Le 16 Septembre commencera (je dis bien « commencera » puisque le premier tour, dure…. Trois jours ! Visiblement, seuls les écologistes n’arrivent pas à organiser une primaire en 1 jour !) le premier tour de la primaire écologiste. 5 candidats sont sur la ligne de départ, le gagnant sera théoriquement le candidat incarnant le « pôle écologiste » pour la prochaine présidentielle (à moins qu’encore une fois le candidat écologiste décide de se ranger derrière un autre candidat, comme le candidat socialiste Benoît Hamon en 2017, ralliement qui avait d’ailleurs bien fonctionné puisque le « leader » socialiste avait fait, 6,58 %). En attendant, il est important de connaître le profil rapide des cinq candidats puis après d’analyser ce qu’ils proposent. Les cinq concurrents sont donc :

  • Yannick Jadot, qu’on ne présente plus, député européen, tête de liste d’Europe écologie les verts pour les européennes de 2019 et présenté longtemps comme le favori
  • Eric Piolle, maire Europe écologie les Verts de Grenoble, connu pour sa volonté de recourir à une union avec Jean-Luc-Mélenchon
  • Delphine Batho, présidente de Génération Ecologie, ancienne ministre socialiste de l’écologie qui est partie au bout d’1 an et 11 mois (elle aura quand même fait un peu mieux que Nicolas Hulot !)
  • Sandrine Rousseau,  conseillère régionale EELV du Pas-de-Calais, porte-parole et secrétaire nationale du parti et surtout connue pour ses prises de position très modérées, comme par exemple  « l’écologie, c’est pas des hommes blancs à vélo dans les villes »
  • Jean-Marc Governatori,  candidat de « Cap écologie », un parti écologiste centriste, il est soutenu par Corinne Lepage et lui est connu pour ses propos d’un pragmatisme déconcertant sur la vaccination en nous expliquant qu’ « On fabrique des maladies »

Ceci étant dit, nous allons  maintenant se pencher sur le programme des candidats puisque c’est ce qu’il y a de plus important

Yannick Jadot

C’est le plus connu, donc nous allons voir ce qu’il propose, tout d’abord, il est important de rappeler qu’il s’était présenté comme le tenant d’une « écologie pragmatique »  favorable à la libre-entreprise et à l’économie de marché. Cela avait fait polémique dans son parti, il a donc déclaré quelques jours après qu’il est « anticapitaliste » (il est donc pour l’économie de marché mais anticapitaliste…). Il avait même déclaré qu’il voulait les partenariats public-privé, donc à première vue, nous pouvons penser qu’il est le représentant de ce qui pourrait être nommé une « écologie de marché», enfin quelqu’un de réaliste ! Son programme n’a rien de très révolutionnaire, il commence en nous promettant une bonne vieille politique de relance, 20 milliards d’euros d’investissements publics par an dans la rénovation thermique, le tout financé par une bonne vieille rhétorique de gauche : un impôt sur le patrimoine.  Il propose également de baisser la TVA sur le bio et le matériel recyclé. Il veut créer un ministère de la protection civile face aux catastrophes naturelles (il faudra que quelqu’un lui dise que ça existe déjà : ça s’appelle le ministère de l’intérieur !). Et comme la plupart des écologistes, il veut créer un revenu universel pour les jeunes (qui n’est pas chiffré mais qui serait équivalent au montant du RSA si l’on en croit ses rares prises de parole à ce sujet). Donc pour résumer, ce que propose notre, soi-disant, écologiste pragmatique, c’est : d’investir 100 milliards d’euros dans un pays surendetté,  baisser la TVA  qui est l’impôt le plus important en matière de recettes, créer un impôt sur le patrimoine qui ne fera que baisser le nombre d’investisseurs…. Autrement dit : un suicide économique. Tout est dit, l’écologiste qui se dit en faveur de la « croissance verte » propose un programme qui ne fait que condamner le pays à la déroute.

Eric Piolle

Pour continuer dans les sensations fortes, nous allons nous pencher sur le programme d’Eric Piolle.  Il est donc maire de Grenoble, élu en 2014, il était le premier maire écologiste d’une ville de plus de 100 000 habitants en France. Etonnement, son slogan de campagne c’est « de l’espoir », je ne vois pas trop en quoi un éventuel « espoir » pourrait apparaître face à un programme aussi radical. Tout d’abord, le maire de Grenoble propose de créer un « ISF climatique » et 1,5 millions d’emplois verts (comment ? Impossible de savoir, son programme n’est pas chiffré !). Il veut également augmenter drastiquement l’impôt sur le revenu pour les plus fortunés, revenu universel dès 18 ans et une augmentation des bas salaires de 10 %. Inutile de faire un commentaire sur un tel programme et inutile de préciser qu’augmenter de « manière drastique » la fiscalité dans un pays avec 45 % de prélèvements obligatoires est juste un suicide première classe, rappelez-moi son slogan ?

Sandrine Rousseau

La plus radicale, vous avez aimé Eric Piolle ? Vous allez adorer Sandrine Rousseau. Sincèrement, quand je lis son programme, je trouve Jean-Luc Mélenchon fortement sympathique à côté, je pourrais même affirmer que Jean-Luc Mélenchon est de droite. Elle se définit comme « écoféministe » et défend un programme radical. Il faut savoir qu’un de ses soutiens principaux est Alice Coffin qui avait déclaré :  « Je ne lis plus de livres des hommes, je ne regarde plus leurs films, je n’écoute plus leurs musiques. (…) Les productions des hommes sont le prolongement d’un système de domination. ». Tout est dit. Celle qui dit incarner la radicalité défend un programme qui va dans ce sens : mise en place de quotas carbone pour les entreprises et les particuliers, la mise en place d’un revenu universel de 850 euros grâce à une fiscalisation de la légalisation du cannabis, la semaine de quatre jours. Comme quoi, la dictature verte, ça existe.

En attendant, je me suis amusé à faire un calcul, un revenu universel d’existence ça coûterait 39 milliards d’euros par an (j’ai volontairement pris la fourchette la plus basse d’estimation chez les économistes), si on prend le prix moyen du cannabis, le prix de vente d’un kilo c’est 3000 euros  en moyenne (source : boursorama ), la TVA est à 20 %, l’Etat gagnerait 600 euros sur chaque kilo vendu. Nous pouvons faire le calcul : cela signifierait que pour financer les 39 milliards du revenu universel il faudrait qu’il y ait en France 65 millions de kilos de cannabis vendus en 1 année. On estime aujourd’hui que le chiffre est à 500 tonnes de cannabis par an consommé chaque année, soit 500 000 kilogrammes. Une légalisation dans l’Etat cela rapporterait 3,24 milliards d’euros, une preuve, que le projet écologiste de Sandrine Rousseau est surréaliste.

Delphine Batho

La présidente de Génération Ecologie se dit partisane d’une « écologie intégrale » et de la « décroissance », mais il n’y a aucun programme derrière tout cela. D’ailleurs, la décroissance, qu’est-ce que c’est ? Est-ce que cela parle à quelqu’un ? Si je vais voir un individu dans la rue pour lui dire qu’il faut qu’il pratique la décroissance, je ne suis pas sûr qu’il comprenne. Et Delphine Batho ne nous éclaire pas sur ce sujet. Elle déclare que : « Quand vous prenez le vélo plutôt que la voiture, quand vous décidez d’acheter sur Le Bon Coin au lieu d’acheter du neuf, de manger moins de viande… Tout ça porte un nom, ça s’appelle la décroissance ».  En attendant, je trouve original de la part d’une ancienne ministre de l’écologie, qui a été aux manettes et qui avait la possibilité de changer les choses mais qui a préféré démissionner au bout de moins de 2 ans, de venir de donner des leçons sur la manière avec laquelle il faut agir.

Jean-Marc Governatori

On va finir sur le candidat qui se dit lui-même centriste. Il est conseiller municipal de Nice et a été tête de liste aux régionales sur la liste « Cap écologie », il avait récolté 5,3 % des voix. Sa candidature a provoqué de nombreux mouvements au sein d’EELV puisqu’une partie importante de son équipe de campagne a déclaré refuser de soutenir inconditionnellement le vainqueur de la primaire.  Il a fallu que les organisateurs de la primaire se rendent au tribunal pour décider du sort de Governatori, qui a donc eu l’autorisation d’être candidat. Il a, lui aussi, présenté son programme :

  • 50 % de produits bio et locaux d’ici 2025
  • Refus de constructions de structures avec un impact négatif sur le climat (grandes surfaces, infrastructures routières, etc…)
  • Le développement de la 5G
  • Une feuille de route pour une France 100 % énergie renouvelable en 2050

En regardant bien, son programme est un peu plus proche de la réalité que celui de ses amis, il n’y a pas de volonté de décroissance, pas de plans d’investissements volumineux sans intérêts, et surtout, il est le seul à promouvoir la 5G ce qui est courageux pour un candidat à une primaire écologiste ! Je n’irai pas jusqu’à dire qu’il prône l’écologie raisonnable, mais parmi tous les candidats, il est, disons, le moins pire, malgré ses propos très étonnants sur la vaccination qui « fabrique des maladies »…

Qui est le meilleur ?

Si nous observons les programmes, un seul candidat sort du lot, légèrement, mais il paraît évident qu’il ne gagnera pas, face à un électorat très majoritairement de gauche.  La plupart des journalistes tablent sur une victoire de Yannick Jadot, il ne faut pas oublier qu’il s’agit d’une élection primaire, donc, par définition aux issues incertaines mais qui favorisent souvent le candidat le plus radical. N’oublions jamais que la gauche en 2017 a réussi à choisir à la suite de primaires un candidat avec des idées assez proches de la France insoumise et qui n’était pas réputé pour son charisme. N’oublions pas non plus, que, Nicolas Hulot, considéré comme l’un des plus grands porte-paroles de l’écologie a échoué contre Eva Joly en 2011. Je ne serais pas étonné qu’un représentant de l’aile gauche, Eric Piolle, ou encore mieux, Sandrine Rousseau, remporte cette élection, ce qui serait la meilleure des nouvelles, d’une part, cela montrerait le vrai visage des écologistes en France et d’autre part, cela permettrait aux écologistes de mettre un terme, eux-mêmes, à leur petite épopée depuis 2019.  Je pense que la plus belle des victoires serait Sandrine Rousseau, cela permettrait de vivre pendant plusieurs mois, de grands moments comiques.

A quand une écologie pragmatique ?

Plus largement, la plupart des propositions de tous les candidats posent question, tous prônent à plus ou moins grande échelle temporelle un mix énergétique 100 % renouvelable. Il est évident qu’il faut que notre économie, d’ici 2050, soit totalement décarbonnée, mais est-ce que les énergies renouvelables à elles seules seront suffisantes ? Rien n’est moins sûr ! Est-ce que le nucléaire peut être une solution ? Oui, en partie, si on en croit les scientifiques Jean Jouzel et Jean Marc Janconvici qui nous expliquent très clairement que le nucléaire nous a permis d’éviter plusieurs années de CO2. La seule solution que nous proposent les écologistes, ce n’est pas l’incitation, c’est la taxation, alors, celle-ci est utile, en partie (fort étonnant de constater, par ailleurs, qu’aucun candidat n’aborde la question de la taxe carbone aux frontières) mais qu’elle doit être couplée à des incitations. Dans tous les cas, je pense vraiment qu’il ne faut pas s’étonner que beaucoup de français refusent de changer de comportement quand nous voyons la thérapie de choc que nous proposent les écologistes en faisant appel notamment à la décroissance, ils nous proposent une écologie punitive alors qu’au contraire, l’écologie c’est peut-être la meilleure occasion pour innover et chercher de nouveaux moyens de croissance. Ce que prônent nos amis écologistes, c’est l’écologie qui va à l’encontre de la population, c’est opposer les français les uns aux autres. Quand EELV publie des tribunes en écriture inclusive appelant à travailleur 32 heures, nous sommes tous en mesure de comprendre que nous ne sommes plus dans l’écologie mais dans l’idéologie. Par ailleurs, la plupart des candidats écologistes sont favorables à une alliance avec la France insoumise, soit favorables à flirter un parti qui sort totalement du cadre démocratie et républicain. Le voilà, le vrai visage des écologistes en France.

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