Ukraine : LFI et RN : Les munichois 2.0
Devinette du jour : « Nous avons tout intérêt à la ramener (La Russie) dans le champ de l’Europe, pour ça, il lui faut des garanties, ça nous plaît, ça nous plaît pas ! ». Qui a pu prononcer une telle citation ?
- Marine Le Pen
- Jean-Luc Mélenchon
- Viktor Orban
- Bernard hier soir au PMU du quartier
La réponse
Il est vrai que c’est une question difficile, tant les quatre personnes citées auraient pu prononcer cette phrase. La réponse est la b, c’est Jean-Luc Mélenchon qui a prononcé cette phrase.
Cette phrase a été prononcée le 13 mars dernier lors de l’émission dans laquelle Jean-Luc Mélenchon était invité pour nous parler de la situation en Ukraine. Cette citation est intéressante et il faut la prendre en entier : «Nous n’avons aucun intérêt à pousser la Russie vers l’Asie, nous avons tout intérêt à la ramener (La Russie) dans le champ de l’Europe, pour ça, il lui faut des garanties, ça nous plaît, ça nous plaît pas ! ». Une citation intéressante qui rappelle une autre de Marine Le Pen : « L’Occident aurait beaucoup à perdre à ce que le long terme, la Russie s’allie avec la Chine » (14 Avril 2022). LFI et RN ont beau être différents voire très différents sur de nombreux points, ils se rejoignent sur un : l’Ukraine. Ils ont exactement la même position, et preuve en sont ces deux citations. Ce que nous voyons c’est que Mélenchon et Le Pen partagent un constat dangereux, qui est celui de Donald Trump, qui est qu’il vaut mieux fermer les yeux sur l’Ukraine pour tout faire pour arrimer la Russie à l’Occident, de peur que celle-ci se jette dans les bras de la Chine. Nous reviendrons sur cela à la fin de l’article, mais c’est un constat très immoral et surtout complètement erroné.
Revenons néanmoins sur le cas de LFI et du RN. LFI et le RN se sont opposés de manière systématique à tout envoi d’armes militaires offensives à l’Ukraine, le dernier exemple en date remonte il y a quelques mois: LFI a voté contre une résolution de soutien à l’Ukraine, le RN s’est abstenu. LFI et le RN pensent depuis le 24 Février 2022, que la seule solution est de se mettre autour d’une table pour un cessez-le-feu immédiat et donc de « négocier » avec la Russie poutinienne. Nous savons tous, qu’une négociation avec Vladimir Poutine ce ferait aux conditions de Vladimir Poutine : une annexion du Donbass, un président pro-Poutine en Ukraine, une neutralité de l’Ukraine, un recul de l’OTAN en Europe de l’Est. LFI et RN sont aussi les deux seuls partis à s’opposer à l’envoi de troupes européennes pour garantir la paix, une fois un traité signé. LFI est le seul parti qui s’oppose à l’élargissement du parapluie nucléaire français. LFI et RN sont les deux seuls partis qui s’opposent systématiquement à l’idée d’une Europe de la défense. Mélenchon et Le Pen ont tous deux reconnus en 2014 l’annexion de la Crimée. LFI et RN, jouent, tous les deux – bien qu’ils affirment le contraire- dans le camp de Vladimir Poutine.
Munich 2.0

Rappelons ce qu’étaient les Accords de Munich. L’autorisation pour Adolf Hitler d’envahir les Sudètes, en échange de quoi il s’arrêterait et donc ce serait une « paix durable » et pour reprendre les termes de Mélenchon des « garanties » en l’occurrence une sphère d’influence. C’était une paix par la capitulation. La suite, nous la connaissons. Evidemment, les époques ne sont pas les mêmes et il faut éviter les parallèles historiques abusifs. Cependant, la citation de Jean-Luc Mélenchon comme les appels incessants des députés LFI à arrêter la guerre et négocier directement avec le Kremlin rappellent cette époque, pour une raison toute simple : nous savons pertinemment, que la Russie, si des négociations directes s’étaient ouvertes, aurait réclamé le Donbass, un gouvernement pro Russe à Kiev, etc… Et surtout, il est évident que la Russie ne va pas s’arrêter en Ukraine, si elle voit que la communauté internationale cède à ses demandes. Demain ce seront les pays Baltes, la Moldavie, peut-être une partie de la Pologne. La paix que souhaitent LFI, le PCF et le RN, c’est la capitulation.
LFI: Gaza/Ukraine, l’étrange deux poids deux mesures…
La citation de Jean-Luc Mélenchon est le meilleur exemple du caractère pro-russe de LFI : il faut des garanties à la Russie et nous savons très bien qu’elles seront les garanties que demandera Vladimir Poutine. Le pire est sans doute l’expression : « ça nous plaît, ça nous plaît pas » ! ». L’Union Européenne n’a donc pas voix au chapitre (et évidemment encore moins l’Ukraine) il faut se plier aux demandes du maître du Kremlin à tous prix.
Il est curieux de noter l’étonnant deux poids, deux mesures chez LFI entre l’Ukraine et Gaza. En effet, nous le savons depuis le 7 Octobre 2023, Mélenchon et ses amis ont pris fait et cause pour Gaza, au point d’en faire le thème quasi exclusif de leur campagne des dernières européennes. Ils ne prétendaient jurer que par le « droit international ». Où sont les défenseurs de la souveraineté, de la lutte contre l’oppression, du droit international quand un pays comme la Russe viole de la manière la plus flagrante possible le droit international ? Pourquoi accepter accepter des négociations qui conduiraient de facto à l’annexion de pans entiers du territoire Ukrainien et s’indigner quand Israël envahit Gaza ? La réponse à ces questions est simple : La Russie n’est pas un Etat juif et l’Ukraine n’est pas un pays arabe !
Pour vernir ce discours pro-Russe, LFI nous sort, l’altermondialisme, le non-alignement ! Il est déjà curieux d’entendre les élus de ce parti nous parler de non-alignement entre Vladimir Poutine et Donald Trump, quand, à ce stade… Donald Trump se montre lui-même pro-Poutine !
Là où le discours est encore plus incohérent, c’est que Jean-Luc Mélenchon s’oppose à l’idée d’une autonomie stratégique européenne, au nom du non-alignement… Alors que l’idée de renforcer l’autonomie stratégique européenne est d’éviter un alignement, comme c’est le cas aujourd’hui, avec les Etats-Unis. Le non-alignement, c’est la Défense Européenne.
Au pays des bisounours
Alors, pour vernir encore plus le discours Pro-Russe, LFI nous un discours bisounoursien de défense de la paix ! De l’internationalisme ! Lors de la fameuse intevriew du 13 mars dernier, Jean-Luc Mélenchon le dit clairement : il ne faut pas augmenter, les dépenses de défense car il veut la paix et lutter contre le changement climatique (comme si se réarmer empêchait de lutter contre le changement climatique). La réalité, c’est que le paix, peut fonctionner, et fonctionne très bien au sein de l’UE. Par exempl : le risque de guerre immédiate entre l’Espagne et la France est disons-le relativement faible,, tout simplement, car, a priori, l’Espagne n’a pas prévu d’envahir les Pyrénées-Orientales ! En clair, la paix fonctionne entre des dirigeants qui sont dans une ambition pacifiste. Or, il n’aura échappé à personne que Vladimir Poutine a choisi d’attaquer un Etat souverain le 24 Février 2022. Comment peut-on espérer la paix avec un dirigeant qui ne laisse aucun doute sur ses velléités expansionnistes ? A cela, Manuel Bompard a la réponse, il déclaré très sérieusement : « le désarmement des belligérants (comprendre donc : Russie et Ukraine). ». Je me demande encore aujourd’hui s’il croit sérieusement à ce qu’il a dit ce jour-là… D’ailleurs même cette phrase est gênante car au-delà de son caractère bisounoursien elle met sur le même plan un pays souverain envahi et une puissance expansionniste.
Qui veut la paix prépare la guerre
Ce qu’il faut comprendre, enfin, c’est que La France Insoumise en s’opposant à l’augmentation des dépenses de défense ou à une alliance européenne de défense, est en contradiction avec son discours pacifiste. S’il y a une alliance militaire européenne (et non pas une armée européenne qui est impossible) avec ces achats communs, une coordination, des coopérations… Ce serait la deuxième puissance militaire au monde ! Très loin devant la Russie ! Aucun pays n’oserait attaquer un pays européen ! C’est cela la paix ! Si aujourd’hui aucun pays n’a l’idée folle d’envahir les Etats-Unis, c’est bien grâce à sa puissance militaire. La citation de Végèce « qui veut la paix prépare la guerre » n’a jamais eu autant de sens !
Ce que veut LFI, ce n’est pas la paix, c’est la soumission à Vladimir Poutine. Preuve en est, l’article du 14 août dernier de Jean-Luc Mélenchon publié sur son blog où il reprend mot pour mot le narratif du Kremlin, qualifiant à demi-mot Zelensky de dictateur et en écrivant mot pour mot « le départ de Zelensky est la condition de l’accord ! » puisque « Monsieur Poutine » ne veut pas traiter avec lui. Pourquoi n’a-t-il pas écris « le départ de Poutine est la condition de l’accord ! ». C’est la preuve d’un alignement sur la rhétorique Poutinienne.
Le Rassemblement National, un parti incohérent dont le caractère pro-Russe ne fait pas de doutes

Depuis le 24 Février 2022, le Rassemblement National n’a cessé de multiplier les allégations pro-russes. D’ailleurs le Rassemblement National s’est abstenu au texte d’il y a six jours de soutien à l’Ukraine et s’était aussi abstenu il y a 1 an lors du traité bilatéral de défense pour l’Ukraine. Le caractère pro-Russe du Rassemblement National ne fait aucun doute : ce n’est un secret pour personne que Marine Le Pen s’est financée en 2017 auprès de banques Russes et qu’elle aurait très bien pu le refaire en 2022 si n’avaient pas été interdits en 2018 les financements extra-européens des campagnes électorales.
En 2022, Marine Le Pen prônait encore très sérieusement une alliance OTAN-Russie. Le Rassemblement National s’est opposé à la livraison d’armes offensives à l’Ukraine et prônait seulement l’envoi d’armes défensives non létales. Le Washington Post avait démontré en Janvier 2024, que par ses votes et ses prises de position, le Rassemblement National est la courroie de transmission du Kremlin. Le Rassemblement National s’est opposé à la condamnation de la détention d’Alexeï Navalny. Le Rassemblement National s’est aussi opposé aux multiples textes européens condamnant l’invasion en Ukraine. Tout comme LFI, le RN prône depuis le début du conflit des « conférences internationales pour la paix ».
Le rassemblement national, ami des dictateurs
Ce qui est intéressant, c’est que malgré l’arrivée de Donald Trump au pouvoir et tout ce qu’il s’en suit, Sebastien Chenu a dit le 6 Mars 2025, ne pas croire à la probabilité d’une invasion Russe dans les pays baltes, et ce, malgré que tous les renseignements européens soient à peu près d’accord et que Vladimir Poutine nous a très clairement montré qu’il a un appétit sans limite. Il y a un relativisme de la menace Russe dans la bouche des cadres du RN. La Russie ne serait pas une menace car les chars Russes ne vont pas défiler à Paris. A cela nous pouvons répondre plusieurs choses :
- Personne n’a dit que les chars Russes allaient défiler à Paris
- Le problème est que demain la Russie – si l’Europe ne fait rien- va attaquer des pays européens et/ou membres de l’OTAN, donc l’armée française de fait sera cobelligérante
- La menace, ce n’est pas que l’invasion, c’est aussi la guerre hybride : la manipulation d’élections, les attaques contre des hôpitaux (qui peuvent causer des morts en l’occurrence), les soutiens aux indépendantistes en Outre-mer, etc…
- Est-on prêt à aller des pays entiers innocents se faire envahir, simplement pour assouvir les appétits impérialistes d’un dictateur ?
N’oublions pas que les dictateurs restent les grands amis du Rassemblement National, en témoigne le soutien que Marine Le Pen a apporté dans le passé, à Bachar-el-Assad, au programme nucléaire iranien. Thierry Mariani est très proche du régime dictatorial azerbaïdjanais.
La défense européenne est une nécessité
L’argument, derrière, c’est aussi l’idée qu’il ne faudrait pas une Europe de la défense et qu’il faut que la France reste indépendante. Comme j’ai déjà eu l’occasion, je ne crois pas à une armée européenne et l’Europe de la défense c’est un concept flou. Ce qui l’est moins, c’est l’autonomie stratégique : l’idée qu’il faut que les pays européens soient capables d’assumer seuls leur défense. Cela implique l’élargissement du parapluie nucléaire, un protectionnisme européen en matière de défense, une alliance militaire entre les pays volontaires (une alliance militaire à 27 paraît peu probable, en tous cas aujourd’hui) avec des achats communs. La France est une puissance militaire – et nucléaire de surcroît- cela ne fait aucun doute, mais une union ne serait-ce qu’entre les pays du Triangle de Weimar et le Royaume-Uni, ce serait une puissance majeure capable de peser dans le monde. Malheureusement, nous ne sommes plus dans les années 1960. Le Rassemblement National s’auto-proclame d’ailleurs héritier du gaullisme. La doctrine nucléaire du Général de Gaulle a toujours été une force militaire française indépendante, grâce à la détention de l’arme atomique notamment, mais qui doit prendre le leadership pour défendre l’Europe. L’idée d’élargir le parapluie nucléaire ne date pas d’Emmanuel Macron mais de Georges Pompidou. Il faut revenir à cette idée Gaullienne de la défense, la France n’est pas rien sur la scène mondiale, mais elle ne pourra peser que si elle parvient à prendre la tête de cette défense européenne et en a les moyens pour. Penser que des pays européens de moins de 100 millions d’habitants auront un quelconque moyen de peser face à des superpuissances comme la Chine, les USA et la Russie, relève du fantasme
Pour conclure, la responsabilité incombe aux électeurs … et aux partis !

Ce que nous voyons, c’est que, nous avons en interne, au sein du paysage politique français, deux partis, qui rappelons-le ont fait plus de 40 % aux dernières élections européennes, qui épousent sans complexe la rhétorique du Kremlin. Qui remettent en cause la menace multiforme que représente la Russie. Si un de ces partis venait à accéder aux fonctions à la prochaine présidentielle : la France serait un satellite de la Russie de Poutine, comme l’est déjà la Hongrie par exemple. Ce qui est important de prendre c’est que leur attitude met en danger directement la sécurité collective européenne. Tout cela rappelle dangereusement les années 1940, la volonté de tout régler par la paix, quitte à faire les pires compromissions, en sachant pertinemment que l’ennemi n’arrêtera jamais son expansionnisme. Il faut que les électeurs en prennent conscience, mais dans le cas de LFI, il faut que leurs alliés de gauche, pro-européens, du moins qui se revendiquent comme tels, à savoir PS et EELV, et qui se revendiquent pro-ukrainiens, montrent qu’ils le sont vraiment, en cessant de s’allier avec un parti qui est devenu un relais de la propagande Russe. L’Ukraine, n’est pas un simple sujet de désaccord, sur lequel il est possible de fermer les yeux pour parvenir à des alliances de circonstances, c’est l’avenir de l’Europe qui est en jeu. Si ces deux partis ne s’éloignent pas de LFI, alors cela signifie que le soutien à l’ukraine, à la démocratie et à l’Europe, n’ont été que de belles paroles…