Retraites : La réforme… c’est pour quand ?
C’est officiel ! Emmanuel Macron veut réformer les retraites avant la fin du quinquennat !
Du moins, c’est ce que disent plusieurs articles de journaux : le télégramme, les échos, planet.fr, etc… Mais cette fois-ci c’est officiel, comme le disaient les différents journaux en Juillet 2020, en Juin 2020, en Novembre 2020, en Juin 2021….
Alors, il est le vrai que le Président a sa grande excuse : le Covid ! Il a quand même bon dos ce virus ! Surtout qu’il est vrai que la pandémie de covid-19 a début il y a bientôt 5 ans : le 14 Mai 2017, en même temps que l’élection d’Emmanuel Macron !
Selon « Télégramme », le Président quasi officiellement candidat pour les prochaines élections envisagerait de mener une réforme avant noël, de manière à démontrer que non il n’a pas été le Président qui n’a rien changé en 5 ans. 4 scénarii seraient alors envisagés :
- La fin des régimes spéciaux : c’est-à-dire une réforme qui ne toucherait ni à l’âge de départ, ni à la durée de cotisation mais qui supprimerait les régimes spéciaux. Le seul petit problème étant qu’il est impossible de supprimer les régimes spéciaux en cours de carrière et donc que cette réforme ne prendra effet que pour les nouveaux entrants. Autrement dit, nous pourrons voir les effets…. dans de longues années. Cette réforme serait adoptée par décret, donc, cela serait fait rapidement
- Passer par la voie législative et faire passer une loi contenant la suppression des régimes spéciaux mais aussi une retraite minimale a 1000 euros. Petite précision pour ceux vantant « l’avancée considérable » de cette retraite minimale a 1000 euros : en France, pour tout individu étant âgé de plus de 65 ans et gagnant moins de 10 838,40 € par an (soit moins de 903,2 euros par mois) bénéficie déjà d’un minimum vieillesse à 906,81 euros. Donc cette réforme ne changera systématiquement rien, uniquement d’être légèrement plus attractive que le minimum vieillesse, nous allons donc expliquer à des individus ayant travaillé toute leur vie qu’ils vont gagner moins de 100 euros que ceux qui n’ont jamais cotisé…
- Présenter une réforme complète mais qui n’aura pas lieu, faute de temps (si si c’est vraiment une hypothèse envisagée par le gouvernement), avec un âge de départ reporté à 64 ans, une retraite minimale à 1000 euros et la fin des régimes spéciaux. Ce serait le meilleur projet de loi qui puisse être, sauf que nous comprenons très clairement qu’il n’aura jamais lieu. La politique ne rime pas avec le courage !
- Ne pas faire de réforme du tout
En conclusion, nous observons que le gouvernement n’envisage de faire au maximum, qu’une seule petite réforme qui ne changera absolument rien au déficit abyssal du système de retraites.
Emmanuel Macron nous expliquera cependant que la vraie réforme avec report de l’âge légal, la fin des régimes spéciaux ne pourra pas être faite avant la fin du quinquennat faute de temps. Il ne faudrait cependant pas oublier qu’il est Président de la République depuis le 14 mai 2017.
Alors, concrètement, qu’est-ce qu’aurait dû faire Emmanuel Macron dès son arrivée au pouvoir ?
Comment ça fonctionne ?
En France, notre système de retraites est un système par répartition, en d’autres termes, les salariés paient chaque mois des cotisations retraite sur leurs salaires pour financer les pensions des retraités actuels. Il s’oppose au système par capitalisation où chaque salarié au cours de sa carrière travaille et cotise chaque moins dans un compte épargne qui sera sa rente de survie durant sa retraite. Un problème est régulièrement dénoncé dans le système de retraite, celui des régimes spéciaux (comme c’est le cas pour les agents de la RATP, pour les danseurs, les musiciens, les policiers, les pilotes de ligne, qui bénéficient d’un régime leur permettant de partir plus tôt). En France, l’âge légal de départ est à 62 ans et la durée de cotisation (pour bénéficier d’un taux plein) est de 43 ans (ou 42 ans selon l’année de naissance du salarié).
En 2020, Emmanuel Macron et ses amis avaient proposé un vaste projet de loi visant à réformer le système de retraite, en gardant un système par répartition mais qui serait universel (donc sans régimes spéciaux) et un système par points : soit chaque salarié voit ses cotisations retraites transformées en points tout au long de sa carrière qui lui permettent de connaître le montant de sa pension retraite en temps réels (il s’agit d’un système de « comptes notionnels » soit un système de capitalisation « virtuelle » puisque les actifs cotisent toujours pour les retraités), ce qui change avec le système actuel est donc que la pension n’est pas calculée selon un revenu de références (25 meilleures années par exemple, comme c’est le cas dans le privé) et donc que la carrière complète est prise en compte. Le tout étant accompagné d’un « âge pivot » à 64 ans, l’âge légal est maintenu à 62 ans mais une décote devait être subie pour tout salarié partant avant cet âge.
Evidemment, Emmanuel Macron a fait du Emmanuel Macron et s’est rapidement dépourvu face à la colère qui monte et la réforme s’est progressivement déstructurée :
- Premier décès : l’âge pivot, Laurent Berger était en colère, donc le gouvernement a choisi de mettre fin à l’âge pivot (alors que nombreux députés LREM de son propre camp prônaient de maintenir la mesure)
- Puis, petit à petit de nombreux régimes spéciaux ont été maintenus : les pilotes de ligne conservent leur régime, les policiers également (mais en l’occurrence on pourrait estimer que cette mesure est justifiée) et les danseurs peuvent continuer de partir à 40 ans (c’est quand-même le plus pays du monde, la France !)
Et puis le Covid-19 est arrivé et la réforme a été suspendue.
Concrètement, qu’est-ce qu’aurait dû faire Emmanuel Macron dès son arrivée au pouvoir ? Il est vrai, aujourd’hui, il est trop tard pour réformer les retraites, mais il serait bête d’oublier qu’Emmanuel Macron a bénéficié d’un mandat de 5 ans et donc avait largement le temps de réformer le pays. En réalité, la réforme d’Emmanuel Macron de 2020 était une réforme qui était illisible, minimale et aux conséquences négatives pour la majorité des futurs retraités.
La solution était simple, il fallait supprimer les régimes spéciaux et établir un système universel de retraites (mais en supprimant vraiment tous les régimes spéciaux et non faire du cas par cas) et placer tous les travailleurs selon le régime appliqué pour la majorité des salariés du privé : la prise en compte des 25 meilleures années, à l’inverse de la réforme proposée par Emmanuel Macron, aucun retraité ne perdrait 1 euro sur sa retraite. Pour financer ceci, l’âge légal de départ aurait dû être repoussé à 65 ans (nous sommes le pays qui partons le plus tôt à la retraite, peut-être faudrait-il, un jour, revenir à la réalité). Ainsi, il n’y aurait eu aucun perdant.
Face au déficit abyssal que représente le système de retraites, il aurait fallu, que, dès son arrivée, Emmanuel Macron reporte l’âge légal de départ à 65 ans puisque cette mesure permettrait de gagner 25 à 30 milliards d’euros au bout de six ans, le régime par répartition aurait pu être sauvé et largement. Dans un deuxième temps, il aurait fallu supprimer les régimes spéciaux par décret, comme cela est possible, afin de ne pas perdre de temps à discuter au parlement. Ainsi, en 2 ans maximum, la retraite ne serait plus un problème pour l’économie française. Mais j’oubliais, pour cela, il faut du courage (un mot inconnu en macronie…).
Et maintenant ?
Aujourd’hui, ma génération et toutes les générations futures n’ont quasi aucune garantie sur l’existence même de leur pension de retraite, parce-que les français ont élu un Homme qui avait pourtant inscrit dans son projet qu’il ne toucherait pas à l’âge légal de départ, qui refuserait de réformer vite le pays. La France, en 2017, est passée à côté de son destin en refusant de voter pour un candidat, qui, lui, proposait de vraies réformes structurelles et qui était le seul à avoir une vraie ambition. Les générations futures n’auront pas de retraite, mais pour cela, il ne faudra se tourner que vers les 24 % des français, qui ont choisi de porter un individu, qui n’avait aucune ambition, au pouvoir.