Société

Ecole : est-ce que la vérité est facile à entendre ?

C’est le sujet le plus important, et ça devrait être celui qui figure en tête de tous les programmes électoraux : l’éducation.  Les différents candidats à la Présidentielle déjà déclarés ont déjà, pour beaucoup, fait leurs propositions, à commencer par la très pragmatique Anne Hidalgo : doubler les salaires des enseignant et la suppression de Parcoursup (parce-que la sélection aux universités : c’est pas gentil), puis, le non-candidat Eric Zemmour qui se dit nostalgique d’un retour à l’enseignement traditionnel d’avant 75 (en oubliant de préciser que le pays a légèrement changé depuis les années 70), et prône la fin du pédagogisme… En attendant, Eric Zemmour nous propose également des mesures plutôt originales pour quelqu’un qui se dit « l’ennemi du gauchisme » : la fin de la réforme du baccalauréat (parce-que le contrôle continu c’est injuste !) et le retour du contrôle des universités par l’Etat (Eric Zemmour est donc aussi nostalgique de l’étatisme centralisateur !), c’est étonnant, parce-que, le programme de Jean-Luc Mélenchon contient, exactement, les mêmes discours, ce sont les deux faces d’une même pièce… Par ailleurs, le polémiste dit que le niveau scolaire aurait baissé surtout à cause de l’immigration parce-que : « les migrants ont un niveau socioculturel très faible et savent à peine parler français  ». Il serait cependant bon de lui rappeler que beaucoup de « français  de souches » ,comme il les aime,  parlent et écrivent très mal le français et  ont un niveau socioculturel beaucoup plus faible que la plupart des immigrés, il suffit de jeter un œil à son électorat.

Le collège unique: le boulet de l’éducation

En soit, Eric Zemmour ne fait pas que des mauvais constats, il fait deux bons constats : le collège unique  a été une erreur et il faut restaurer la sélection aux universités, le seul problème est qu’il n’apporte aucune réponse, si ce n’est du racolage, ce qu’il fait depuis des années…  Pour le collège unique, Eric Zemmour pense qu’il faut revenir au collège d’avant René Haby. Pour résumer: ceux qui n’ont pas le niveau en CM2, il faut les orienter vers des filières techniques. Le seul problème étant que dans un pays où la numérisation remplace de plus en plus les tâches manuelles, et où le niveau de qualification exigé sur le marché du travail est plus en plus exigeant,  orienter ne serait-ce que 30 % des élèves en CM2 vers une filière technique, ce serait mettre fin à la « massification scolaire » pour donner place à la « massification du chômage».  Il faut, cependant, revenir sur l’automaticité de l’accès au collège en CM2, il faut rétablir le certificat d’études primaires avec une attention particulière sur : le calcul, la lecture, l’orthographe, l’expression orale et écrite, et faire en sorte que les élèves qui n’y parviennent pas, redoublent leur année. Pour en revenir au collège unique, il faut le supprimer, puisque le collège unique a un véritable problème :il fournit le même enseignement à tous les élèves, quel que soit leur niveau qui essaie d’être adapté au niveau moyen des élèves en France sur une classe d’âge.  Les très bons élèves perdent leur temps sur un enseignement qui n’est pas à leur niveau alors que, durant le temps de cours, ils pourraient approfondir leurs connaissances, et, les élèves en difficulté, sont en situation de décrochage face à un enseignement qui n’est pas à leur niveau.

Pour cela, il existe deux solutions : la première, pour les matières fondamentales : français, mathématiques, anglais… il faut mettre fin aux regroupements par classes d’âges et regrouper les élèves par niveaux, de façon à ce que chacun puisse suivre un enseignement adapté à ses compétences.  Deuxième mesure,  réduire le tronc commun et laisser les élèves choisir 5-6 heures d’options par semaine, qu’ils peuvent choisir de changer au cours du collège, dans différents domaines : la littérature, les sciences, les langues vivantes, etc… De cette façon, l’élève pourrait approfondir ces connaissances dans son domaine d’excellence s’il le souhaite. Ceux qui, déjà, sentent qu’ils sont en situation de décrochage pourraient choisir de suivre, à raison de quelques heures par semaine, un enseignement professionnel. Ce nouveau collège permettrait de rompre avec l’idéologie égalitariste du collège unique, qui, par ailleurs, a été considérablement renforcée  par la réforme du collège de Najat Vallaud-Belkacem.  Les enseignants, opposés aux groupes de niveaux, disent que le collège unique fait le pari que regrouper tous les élèves d’une tranche d’âge dans une même classe permet de favoriser l’entraide et de tirer les plus faibles vers le haut, chaque année la France baisse dans le classement PISA, faire des paris, cela peut être intéressant, mais quand cela revient à échouer constamment il faut peut-être songer à arrêter de jouer avec le feu

Les réformes qui doivent être menées dans l’éducation ne se limitent pas au collège, il faut des mesures dès le primaire.

Emmanuel Macron, a été pendant, 5 ans, le président du renoncement face à toute réforme, à l’exception d’un seul domaine : l’éducation, ceci notamment dû au fait que Jean-Michel Blanquer a su être un ministre réformateur, il a notamment réussi à réformer le baccalauréat, une réforme absolument indispensable depuis des années, il a su mettre fin à l’écriture inclusive, réinstaurer le mérite notamment en rétablissant la sélection aux universités. Certes, Jean-Michel Blanquer aurait pu aller plus loin, il a notamment refusé de s’attaquer au collège, pour autant, il a déjà fait, beaucoup plus que tous ses autres prédécesseurs, et ses prises de position récentes sur le wokisme ou l’islamogauchisme sont très courageuses de sa part.

Néanmoins, aujourd’hui, en 2021, alors que la France perd des places chaque année, dans les classements PISA, il faut absolument sortir de l’idéologie centralisée et égalitariste de l’éducation nationale,  il faut que les établissements scolaires puissent recruter eux-mêmes leurs enseignants,  offrir la possibilité aux établissements d’annualiser le temps de travail, laisser la possibilité aux écoles primaires de choisir elles-mêmes la durée hebdomadaire de cours,  ouvrir la possibilité aux établissements de rémunérer les enseignants au mérite.  La question de la rémunération des enseignants, justement, mérite d’être posée, et pour cela, une règle simple doit être posée, il faut augmenter les salaires des enseignants, mais, en contrepartie, faire ce qui a été fait au Royaume-Uni, conditionner cette augmentation des salaires à une augmentation du temps de travail hebdomadaire (il s’agit d’une mesure qui a été prise par Tony Blair…).

Et les universités ?

Il faut, bien évidemment, interroger l’organisation de l’enseignement supérieur. Au lieu de tenter de séduire l’électorat des ronds-points  en proposant des vieilles lunes populistes comme la suppression de l’ENA, Emmanuel Macron ferait mieux de proposer de vraies réformes universitaires. Eric Zemmour et Marine Le Pen proposent de rétablir la sélection aux universités et de rétablir le contrôle des universités par l’Etat : c’est dommage, la phrase commençait bien ! Il faut établir une vraie sélection aux universités, c’est une évidence la sélection instaurée par le gouvernement n’en est pas vraiment une, il s’agit même d’une usine à gaz ! A l’exception de certaines filières dites « sous tension » (staps, droit,  médecine et psychologie),  les universités œuvrant dans les autres secteurs, choisissent leurs étudiants sans pour autant le faire puisqu’elle ont le choix entre dire à un étudiant : « oui » ou alors « oui si » (sous entendu « oui mais si l’étudiant suit un programme de soutien le permettant de se remettre à niveau), elles ne peuvent pas dire « non ». Seules les universités faisant partie des filières sous tensions citées précédemment peuvent, non pas refuser, mais « placer en attente » un étudiant, sous réserve qu’ils y aient des places qui se libèrent. Théoriquement, un étudiant ayant 3/20 de moyenne en mathématique peut intégrer une formation de licence en mathématique. Par ailleurs, il faudrait aussi que la filière « Staps », lance, un jour, un grand appel au réalisme, il s’agit de la deuxième filière universitaire la plus demandée (ou troisième selon les années), peut-être un jour faudrait-il appliquer aux lycéens que ce n’est pas parce qu’un individu arrive à tirer un pénalty ou à faire des plaquages au rugby qu’il est destiné à être sportif.  Il faut donc instaurer une réelle autonomie universitaire, avec, en premier lieu, leur octroyer la possibilité de sélectionner leurs étudiants, leur donner une autonomie budgétaire totale  (afin de bénéficier de fonds privés) et leur donner la possibilité de choisir elles-mêmes le montant de leurs droits d’inscription. Il faut également étendre et généraliser les bourses au mérite. 

Pour l’élection Présidentielle, une seule porte un véritable projet en matière d’éducation, un projet véritablement réformateur et qui a le courage de dénoncer ce qui ne fonctionne pas au sein de l’appareil éducatif : il s’agit de Valérie Pécresse, qui reprend plusieurs thématiques précédemment évoquées : la rémunération au mérite des enseignants, l’autonomie des établissements, l’examen à l’entrée en sixième. Il ne faut pas oublier que Valérie Pécresse est la seule ministre de l’enseignement supérieur qui a su réformer les universités, la seule qui en a eu le courage…

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