Ecologie

Rapport du GIEC: que faut-il en penser ?

9 août 2021, le rapport tant attendu du GIEC (groupement d’experts intergouvernementaux sur le climat) vient d’être publié. Un brouillon avait déjà fuité malencontreusement, ce qui a fortement déplu à l’organisme, mais aujourd’hui, le rapport définitif est réel et le moins que l’on puisse dire, c’est que la tonalité est plutôt inquiétante. Mais avant d’étudier le rapport, il est important de rappeler ce qu’est le GIEC, puisque beaucoup de théories apparaissent sur Internet à propos du GIEC, notamment pour décrédibiliser leurs recherches, alors, il est important de rappeler objectivement la nature de cet organisme.

Un organisme scientifique

Le GIEC  est le “groupement intergouvernementaux sur l’évolution du climat”, c’est un organisme intergouvernemental  créé par l’ONU pour tous les pays membres composé de scientifiques chargé d’évaluer les risques liés au réchauffement climatique et d’envisager des stratégies d’atténuation et d’adaptation, c’est un organisme contesté par certains,  à tort et à raison nous  le verrons après.  Régulièrement, cet organisme publie des rapports, il a publié le 9 août 2021, son sixième rapport, le premier date de 1990.  Pour en revenir au rapport, il est tout d’abord important de rappeler que cet été a été marqué par de nombreux événements climatiques extrêmes: dôme de chaleur au Canada,  incendies en Grèce, inondations en Allemagne, en Belgique et en Chine… Les scientifiques sont unanimes à ce sujet, avec ou sans réchauffement climatique, ces événements auraient eu lieu la différence est que le dérèglement les a amplifiés.  Par exemple, les inondations qui ont eu lieu  en Chine ont lieu chaque année, la différence est qu’elles ont été rarement aussi violentes.  Par ailleurs, j’ai entendu régulièrement des individus dire: “le réchauffement climatique n’existe pas, la preuve on a eu un été très pluvieux”. C’est un raisonnement très simpliste puisque nous  parlons d’une moyenne mondiale et qui se déroule de manière cyclique, donc, tout le monde n’est pas concerné de la même manière. En fait il s’agit d’une confusion entre la météorologie et la climatologie, la première se penche sur le court terme, l’autre sur le long terme, et si nous  nous  penchons sur le long terme, nous  voyons que chaque été le globe bat des records de température. Le réchauffement ne signifie cependant pas que les épisodes de froid et de pluie vont disparaître, ils vont devenir moins fréquents. Ceux qui affirment qu’il n’y aura plus de neige avec le réchauffement se trompent,  nous connaîtrons encore des épisodes neigeux mais  moins régulièrement. Pour en revenir au GIEC, si on fait un résumé du contenu du rapport:

  • Des points de basculement déjà franchis: fonte des glaces, acidification des océans, hausse des températures, montée des eaux
  • Le seuil des 1,5°C difficilement atteignable
  • La disparition de 70 % du corail du pacifique nord
  • + 7 % de pluie en Europe
  • La responsabilité de l’Homme est “sans équivoque”
  • Le changement actuel est sans précédent
  • La concentration de CO2 est la plus élevée depuis 2 millions d’années

Que peut on reprocher au GIEC ?

La tonalité est donc très clairement alarmante, de quoi réveiller à la fois les partisans de la collapsologie qui vont nous expliquer que l’humanité court à sa perte, que nos sociétés vont s’effondrer et que nous allons tous mourir dans d’atroces souffrances, mais aussi de réveiller les climatosceptiques qui vont nous expliquer que les scientifiques du GIEC sont des affabulateurs et que le réchauffement climatique n’existe pas. Il faut maintenant être pragmatique, déjà, dans un premier temps, les individus qui parlent au nom du GIEC sont avant tout des climatologues, qui, par définition,  sont les plus compétents pour parler du climat. Cependant, des reproches peuvent être faits au GIEC, le premier, et ce rapport le démontre, c’est que les scientifiques du GIEC ont normalement, si nous en croyons le texte énonçant le rôle de l’organisme, deux missions: informer et faire des propositions. Or, nous constatons que les scientifiques du GIEC sont très forts pour tenir des propos alarmants, sans faire de propositions, du moins pas de propositions concrètes si ce n’est: “décarboner de toute urgence et de manière très radicale nos sociétés et nos économies”. Concrètement, est-ce que ça parle au citoyen lambda ? Non, c’est très évasif, peu concret, et pour des scientifiques c’est assez étonnant de faire preuve d’être autant évasifs. Beaucoup de critiques sont émises sur le GIEC, il faut les traiter de manière pragmatique, c’est-à-dire sans faire comme nos amis écologistes savent le faire et donc ne pas  traiter tous ceux qui critiquent le GIEC de climatosceptiques.  La principale serait que le GIEC serait un organisme produisant des rapports remplis d’erreurs à répétition. Il faut nuancer cette affirmation, le GIEC a eu raison dans la grande majorité de ses estimations mais a cependant réalisé également de grosses erreurs:

  • Le GIEC avait par exemple estimé que les glaciers Himalayens auraient disparu à l’échelon 2035, ce qui a été critiqué massivement par de nombreux scientifiques et donc rectifié. Le GIEC a admis par la suite que c’était une grosse erreur
  • Les estimations de l’organisme à propos de la montée du niveau des mers sont celles qui posent le plus question par rapport à sa fiabilité : l’organisme est passé d’une estimation d’une montée des eaux à 95 cm en 1997 à 18 cm en 2019, pour 2100.

Il faut donc avoir une position équilibrée, certains parlent de rapports “truffés d’erreurs” d’autres “d’erreurs mineures”. D’une part, ils ne sont pas “truffés d’erreurs”, puisque les rapports comportent beaucoup de prédictions qui se sont avérées justes, mais parler d’”erreurs mineures”, c’est aussi se  voiler la face, les erreurs sur la montée des eaux sont légèrement gênantes: si les prédictions s’étaient avérées justes l’Europe  aurait dû connaître un chiffre proche de  50 millions de migrations puisque ces migrants auraient eu les pieds dans l’eau… En 2010 ! 

“Il ne faut pas croire aveuglément les modèles”  (Hervé le Treut, climatologue)

Si nous restons sur des critiques pragmatiques: il faut savoir que le GIEC étudie la climatologie, une science nouvelle et qui est pleine d’incertitudes. Il faut savoir, selon le CNRS, que le GIEC étudie le climat à travers des modèles nouveaux, inspirés des modèles météo. A une différence près,  la météo étudie l’évolution de la température à quelques jours près et si changement il y a, par exemple, on prévoit une vague de chaleur d’ici quelques semaines mais les températures n’augmentant , le modèle peut alors  dériver et s’adapter de manière à établir des prévisions plus fiables. En climatologie,  les prédictions sont faites dans plusieurs dizaines d’années, il faut donc partir de conditions initiales qui n’existent pas encore, les scientifiques se basent donc sur des prédictions et s’il y a  une erreur, à l’inverse de la météo, il n’est pas possible de rectifier ce sont donc toutes les estimations suivantes qui sont fausses.  L’autre critique qui est faite sur le GIEC repose plus sur un angle politique, certains insinuent que l’organisme serait sous l’influence de lobbys verts et d’associations écologistes. Difficile d’admettre si cela est vrai, encore une fois, il faut faire preuve de discernement, le GIEC reste avant tout composé de scientifiques pragmatiques, mais, il demeure également un organisme parfois aux accents politisés.

Le GIEC : vraiment neutre ?

Nous pouvons notamment citer Jean Jouzel qui est membre du GIEC ancien vice-président et est perçu comme une figure majeure des scientifiques à propos du réchauffement climatique. Le climatologue n’a pas dédié sa vie qu’à la recherche sur le réchauffement climatique, il l’a aussi dédié à la campagne de Benoît Hamon en 2017. Tout est dit… Jean Jouzel nous a par exemple expliqué que la décroissance était la seule voie.  Ce même climatologue me conforte également dans ma thèse selon laquelle les écologistes feraient preuve de dogmatisme, lors d’une interview donnée le 8 août 2019, en réponse au journaliste lui demandant son opinion sur les adultes qui expriment un avis contraire aux jeunes pour le climat font preuve d’un “égoïsme inouï” et qu’ils sont “persuadés que le réchauffement climatique n’est pas leur problème”. Pour Jean Jouzel, ceux qui ne sont pas en accord avec les jeunes pour le climat (qui défendent des idées relativement radicales) sont donc des climatosceptiques “réactionnaires” et égoïstes. Et pour finir avec Jean Jouzel,  lorsque le journaliste lui a demandé son avis sur le mouvement “Extinction Rebellion” (un mouvement écologiste anticapitaliste prônant la désobéissance civile et ayant eu recours à des actions assez violentes comme en ayant bloqué des routes en Angleterre ou lorsqu’ils ont bloqué les Galeries Lafayettes) , le climatologue a répondu que cette mobilisation des jeunes lui donnait espoir. Alors, il faut être clair, tous les membres du GIEC ne sont pas à l’image de Jean Jouzel, certains comme Valérie Masson-Delmotte sont plus consensuels, cette climatologue ayant par exemple très clairement insisté sur le fait que la collaspsologie était une hérésie et ne reposait pas sur des thèses scientifiques.  Néanmoins, quand des scientifiques du GIEC nous expliquent qu’il faut “mettre fin au dogme budgétaire”, le positionnement politique est clair

Et si la vérité était difficile était à entendre ?

Ce qui est important c’est d’être consensuel mais aussi d’accepter le débat, refouler tous ceux qui osent critiquer le GIEC au rang de “climatosceptiques” est très nocif et ne fait que desservir la cause de ces derniers. En tous cas, Delphine Batho, candidate écologiste à la présidentielle et membre du parti politique “génération écologie” n’a pas manqué de réagir suite à la publication du rapport avec une position pour le moins très mesurée en nous expliquant que “la décroissance est la seule voie réaliste”, visiblement le parti “génération écologie” qui était né avec une volonté de promouvoir une écologie centriste et modérée s’est perdu en chemin. En tous cas, ceux qui appellent à la décroissance et qui voient cette voie comme la seule et unique solution face aux aléas climatiques, devraient réfléchir: le GIEC le dit clairement pour réduire les émissions de gaz à effet de serre, il faut transformer notre modèle économique mais aussi et surtout innover (notamment dans les moyens de capter le CO2 de manière artificielle). Il faudrait cependant tenir du compte du fait que, pour innover, il faut d’une part faire confiance aux entreprises mais aussi et surtout appliquer la méthode libérale: augmenter le temps de travail, alléger la fiscalité et les charges des entreprises, alléger le code du travail, favoriser les contrats de projets (couramment conspués d’être des contrats “précaires)… Mais ça, personne ne veut l’entendre !

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