Société

Loi sur les « séparatismes »: chambardement ou mesurettes ?

« Comme je l’avais annoncé dans l’article de présentation, l’écologie ne sera pas le seul thème abordé dans ce blog, en voici un, radicalement différent : le séparatisme. En effet, bien que le feuilleton du pass sanitaire mobilise en ce moment même les débats à l’Assemblée Nationale, un sujet, discuté pourtant depuis plusieurs mois à présent, a été adopté  officiellement  par le parlement le 23 Juillet, les seuls députés ayant voté pour sont ceux issu de la majorité présidentielle (LREM-MoDem- Agir…). A gauche, on évoque un texte «antirépublicain » et « à vocation antimusulmane » selon Jean-Luc Mélenchon,  quand à droite on évoque des « mesurettes ».  Tout d’abord, avant de conclure quelconque interprétation, il est important de revenir sur le contenu de ce projet de loi, et l’annonce même du projet de loi paraît déjà incohérent, François de Rugy parle d’un texte de « portée générale » et « qui ne parle pas d’une seule religion » pourtant le ministre de l’intérieur tout comme le Président de la République ont mainte fois parlé d’un texte visant à lutter contre le « séparatisme islamiste ». Alors, en soit, ce n’est pas forcément incohérent par rapport aux enjeux actuels puisqu’il est vrai que le « séparatisme islamiste » gangrène notre société, évidemment on parle de l’Islam politique et non pas de l’Islam en général puisque nombreux musulmans sont évidemment des pratiquants modérés et souvent les premiers victimes de la radicalisation de certains pratiquants, pour autant, si l’ambition du gouvernement peut paraître bonne il y a déjà un manque de clarification de la ligne défendue. Néanmoins, analysons plus en détail le projet de loi : 

  • mesure promise par Emmanuel Macron durant sa campagne présidentielle, la neutralité du service public  : L’impossibilité de porter des signes religieux ostensibles quand on est agent du service public 
  • Plus de protection des fonctionnaires avec la création d’un délit de mise en danger de la vie d’autrui pour diffusion d’informations (cf : Attentat de Conflans Sainte-Honorine) 
  •  Un contrôle plus strict des associations cultuelles en conditionnant notamment les subventions publiques 
  •  La  possibilité de recourir à une fermeture administrative de lieux de cultes 
  • La lutte accrue contre les mariages blancs ou la polygamie 
  • L’interdiction de la délivrance de certificats de virginité
  • La possibilité d’interdire à une personne condamnée pour incitation à la haine de se rendre dans un lieu de culte
  • Formation des imams en France

Il y a bien d’autres mesures, on évoque les principales. Déjà, il est important de noter que cette loi surgit dans un contexte particulier, la mort de Samuel Paty le 16 Octobre 2020 a ému la France entière et même au-delà et il était évident qu’il fallait légiférer dans le domaine des séparatismes religieux. La gauche parle d’un texte “antimusulman” et stigmatisant ce qui est très clairement exagéré quand on voit le contenu du projet de loi qui n’est pas vraiment offensif. Peu importe ce que l’on pense du projet de loi, il est important de constater que celui-ci fait l’impasse sur plusieurs domaines pourtant essentiels dans la lutte contre le communautarisme, deux en particulier : l’immigration et l’éducation. 

La place évidente de l’immigration

Tout d’abord, l’immigration, car il faut savoir faire la part des choses, il y a un très fort taux de radicalisation chez les français nés en France, et on voit que bon nombre d’attentats sont commis par des français, néanmoins, il existe aussi une forte radicalisation chez les migrants  et qu’il existe aussi des étrangers qui viennent en France pour transmettre du fanatisme religieux, il ne faut pas le sous-estimer et c’est pour cela qu’il faut une politique ferme face à cette radicalisation provenant de l’immigration sans pour autant pénaliser ceux qui sont vraiment en recherche de meilleures conditions de vie. Il paraît aujourd’hui complètement extravagant que le droit du sol ne soit pas conditionné au respect et à la connaissance des valeurs républicaines, tout comme le regroupement familial et surtout que les étrangers proches de la mouvance salafiste ne soient pas reconduits aux frontières. 

L’éducation: le sujet à ne pas manquer

L’éducation est aussi un sujet complètement absent de ce projet de loi et dans le pays où la laïcité constitue un pilier de notre modèle républicain, il est vraiment aberrant  qu’il n’existe pas au moins une évaluation au cours du collège ou même en fin de primaire sur les connaissances dans le domaine de la laïcité, les Républicains ont émis la proposition très pertinente de créer une épreuve au brevet sur la laïcité et les valeurs républicaines, même si évaluer la laïcité en troisième me paraît un peu tard. Il faut renforcer la formation des enseignants dans ce domaine. Il faut aussi un contrôle systématique des familles dès qu’un enfant tient des propos contraires aux valeurs républicaines. Il faudrait aussi se poser la question sur d’autres sujets : le retour de la loi Ciotti en y adossant le respect des valeurs républicaines,  en s’interrogeant sur le port de signes religieux à l’université. Le problème est que lorsque l’on propose de telles mesures on est immédiatement taxé d’être proche du Rassemblement National, qui, lui prône soit des mesures très radicales : interdiction totale du port du voile dans l’espace public (utilité ?),  l’interdiction du financement public des lieux de cultes  ou encore mieux de ne pas scolariser les enfants de migrants clandestins (ce qui les incite à se replier sur eux-mêmes et donc à se radicaliser au sein du cocon familial) et en même temps beaucoup de laxisme en ne proposant rien pour contrôler les écoles hors contrats qui sont pourtant sujettes de beaucoup de dérives (on observe notamment le retour de la non-mixité dans des écoles hors contrat, en 2021…). 

On peut donc en déduire que les mesures proposées par le gouvernement sont certes, des avancées mais très insuffisantes surtout si on ne prend pas le problème à la racine qui reste l’école.  Une députée LREM, Aurore Bergé, a proposé une mesure immédiatement rejetée visant à interdire le port du voile pour les fillettes, au lieu de brandir l’étendard de l’Islamophobie comme l’ont fait les opposants à la députée, n’aurait-il pas fallu débattre plus sereinement sur cet amendement, car on sait que les fillettes se voient souvent imposées le port de signes religieux, mais il est vrai qu’une telle mesure devrait s’étendre à l’ensemble des religions et donc si on suit cette direction se poser des questions sur les baptêmes notamment. C’est donc une vraie remise à plat de la laïcité qu’il nous faut. Il y a aujourd’hui, selon les services de sécurité intérieure une vraie menace terroriste face à cette loi votée (l’extrême gauche pourra dire que c’est la faute du gouvernement), mais on est en droit de se poser une question : comment peut-on imaginer lutter contre le communautarisme et le terrorisme , quand on voit que le Président du CFCM (conseil français du culte musulman) a appelé, le 27 Octobre 2020,  à ne pas publier les caricatures de Charlie Hebdo  et même à « renoncer à certains droits » ?

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