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Jean Marc Jancovici :  pragmatisme ou militantisme ? 1ère partie

C’est une des figures majeures parmi les scientifiques militants écologistes : Jean-Marc Jancovici. Diplômé de polytechnique,  il a notamment créé le bilan carbone (un outil de comptabilisation des émissions de gaz à effet de serre pour la fabrication d’un produit). Il est depuis devenu un militant en faveur de la réduction des émissions de CO2, il est connu principalement pour ses prises de position fortes sur le nucléaire, la fiscalité verte, l’alimentation ou la croissance économique.  C’est un scientifique, indéniablement pragmatique et indéniablement compétent pour parler des enjeux écologiques.  Il est évident que Jean-Marc Jancovici est un homme compétent pour parler des enjeux écologiques et énergétiques, son parcours ne laisse aucun doute. Mais est-ce que compétence rime avec pragmatisme ?  Avoir des connaissances scientifiques est une chose, pour autant cela n’apporte pas forcément la capacité à formuler à projet de société, activité à laquelle il aime tant s’adonner.

Un ardent défenseur du nucléaire

Jean-Marc Jancovici est principalement connu pour sa défense de l’énergie nucléaire.  Il considère ainsi que le nucléaire est un moyen de produire une énergie décarbonée et à la demande. Pour lui, le nucléaire, est la production d’électricité avec le moins d’inconvénients.  Il considère que les énergies renouvelables ne peuvent que compléter le nucléaire et que celles-ci ne doivent pas proliférer puisqu’elles sont néfastes pour l’environnement.

décarbonation de notre mix énergétique. Il faut comprendre que la France est aujourd’hui un des pays aux mix énergétiques les moins carbonés grâce à la présence forte du nucléaire  (87 % du mix énergétique). Une loi complètement stupide votée sous François Hollande prévoyait de limiter le nucléaire à 50 % du mix énergétique (loi par ailleurs que Emmanuel Macron n’a que très récemment remise en cause, lui qui se présente maintenant comme un pro-nucléaire). Cette loi devait s’appliquer à l’horizon 2025, il n’est pas nécessaire d’être mathématicien pour comprendre que c’est techniquement impossible. La réalité, c’est que les énergies renouvelables ne peuvent pas remplacer le nucléaire et encore moins pallier une baisse à 50 % de la part du nucléaire. L’éolien et le solaire sont des énergies intermittentes. Par exemple, rien que pour remplacer Fessenheim il faudrait 7000 éoliennes (il y en a 8000 en France au total). Alors, il existe aujourd’hui d’autres formes d’énergies renouvelables : le thermique par exemple. Il est donc nécessaire de développer et de continuer à investir dans la recherche dans les énergies renouvelables, mais aussi dans l’hydrogène vert.  

« L’Allemagne est le contre-exemple absolu en matière de transition énergétique »

Jean-Marc Jancovici a parfaitement raison sur ce point, il le dit très justement, si l’Allemagne peut être un modèle d’inspiration pour la France dans plein de domaines (économique, social…) elle l’est beaucoup moins en matière énergétique : ne pas oublier qu’Angela Merkel a eu la brillante idée de fermer toutes les centrales nucléaires en Allemagne (en revendiquant en plus ceci comme une victoire politique) et le résultat est que des centrales à charbon sont en marche en Allemagne, ce qui est sans doute le pire en matière climatique. Le nucléaire ne peut être suffisant à lui tout seul pour décarboner notre mix énergétique, il faut investir dans les énergies renouvelables, mais ce n’est pas la panacée. On dit aujourd’hui que la France est en retard dans le déploiement des ENR, ce qui est vrai… et alors ? Il faut développer le renouvelable mais l’essentiel ce n’est pas d’être les premiers en matière de déploiement des ENR mais bien les premiers à décarboner notre économie, la France l’a bien compris en conservant le nucléaire, l’Allemagne a choisi de tenter de se hisser en haut du classement des ENR, pour les résultats que nous connaissons.  A l’heure où la question de la souveraineté énergétique est de retour avec la guerre en Ukraine, nous voyons que le nucléaire a un impact déterminant sur celles-ci : l’Allemagne est très dépendante du gaz russe à l’inverse de la France. Pour finir, Jancovici estime qu’il y a des risques à prendre certes, mais les risques seraient beaucoup plus importants si nous n’avions pas le nucléaire.

Pour en revenir à Jean-Marc Jancovici, il adopte une position purement pragmatique et réaliste en défendant le nucléaire, les vrais écologistes sont les pro-nucléaires et non Europe écologie les verts, qui eux portent un programme dangereux pour le climat.

Sur la question énergétique, Jean-Marc Jancovici porte donc un point de vue pragmatique, pour autant, d’autres de ses prises de position révèle une approximation dont il semble parfois très friand.

La démographie

Récemment, Jean-Marc Jancovici a réalisé la performance du siècle en déclarant qu’il fallait établir une régulation publique des naissances. En clair, il considère que les êtres humains sont trop nombreux sur Terre (comme si la France entière l’avait attendu pour faire ce constat) et donc que pour ceci, il faudrait réguler les naissances, dans les pays développés, par exemple, la France.  A défaut de réfléchir plus de 2 secondes avant de prendre la parole, Jancovici pourrait investir dans une calculatrice. Prenons, la population française, environ 68 millions d’habitants, la population de la Terre s’élève à très précisément : 7,8 milliards. En clair, les français représentent 0,9 % de la population mondiale, si demain tous les français disparaissaient, cela n’aurait strictement aucun impact sur la démographie. En revanche, le continent qui connaît la plus grande croissance démographique c’est l’Afrique. Dans les faits, si nous voulions réellement impacter durablement la démographie mondiale, il faudrait encadrer les naissances en Afrique, les encadrer dans les pays développés ne changerait rien.  Ce que propose le pseudo-scientifique, Jean-Marc Jancovici (peut-on se revendiquer scientifique en affirmant une idiotie pareille ?) a déjà été appliqué, dans un pays qui est visiblement source d’admirations pour lui : la Chine.  Les conséquences ont été multiples et toutes désastreuses : des « enfants cachés » qui ont été sacrifiés et privés de vie sociale, des infanticides, des trafics d’être humains et surtout, un déclin programmé du pays à cause du vieillissement démographique du pays (ce qui a des conséquences irréfutables sur l’économie).

Concrètement, à l’heure où nous savons que la transition écologique, passera, entre-autres, par l’innovation, un vieillissement démographique pourrait avoir un effet tout inverse : moins d’entrepreneurs, moins d’investissements publics (un pays qui vieillit, c’est un pays qui investit massivement dans la santé et les retraites et non dans l’avenir), la mise en péril de notre système de santé et de retraites.  Si un adolescent prépubère, manifestant dans la rue avec sa pancarte « Il faut sauver la planète ! » tenait ce genre de discours, cela pourrait être compréhensible, il n’a pas de notions en économie et ne sait pas quelles pourraient être les portées de cette proposition. En revanche, le fait qu’une personne âgée de 60 ans et qui se dit ingénieur en vienne à ce genre d’affirmation est beaucoup plus inquiétant.  Les conséquences d’une telle proposition seraient désastreuses, à la fois pour notre économie, notre modèle d’organisation de notre société et ce, sans le moindre impact pour la préservation de la planète. Il faut également savoir que chaque français émet environ 4,62 tonnes de CO2 (en moyenne) par an, si nous faisons le calcul, cela fait un total de : 315 millions de tonnes par an.  Dans le monde entier, les émissions de CO2 représentent 48 000 mégatonnes. Un premier constat à partir de ces chiffres, les français, tous réunis, ne représentent que 0,7 % des émissions de CO2.  De plus, il faut savoir que les français, certes polluent plus que les autres, mais seulement légèrement plus  en moyenne, un terrien émet 4,48 tonnes de CO2 par an (contre 4,62 en France) et dans certains pays, cela est beaucoup plus important : 11,13 en Russie ;   15,24 aux US ; 30,36 au Qatar. La France n’est que 58ème dans le classement mondial des émissions de CO2 par habitant. Conclusion : contrôler les naissances en France n’apporterait rien à l’écologie mondiale, en revanche, cela aurait des conséquences irrémédiables y compris sur l’écologie.

Voici un premier aperçu des approximations flagrantes de Jean-Marc Jancovici. La suite au prochain article dans lequel nous nous pencherons sur ces affirmations à propos de la viande, de la croissance économique et du logement.

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