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Jean Marc Jancovici : pragmatisme ou militantisme ? 2ème partie


OPA5639205 Portrait of Jean-Marc (Jean Marc) Jancovici (engineer) 20/11/2008; (add.info.: Portrait of Jean-Marc (Jean Marc) Jancovici (engineer) 20/11/2008); © Jerome Panconi/Opale.

La viande

Jean-Marc Jancovici, s’est aussi exercé à d’autres réflexions intellectuelles sur certains, aussi poussées que celles de JCVD.   Il a publié un article, dans lequel il évoque le fait qu’il est urgent de manger moins de viande pour lutter contre le changement climatique. J’ai déjà abordé le thème de la viande dans un précédent article (https://appelezmoiarthur.com/la-viande-la-gastronomie-le-nouveau-champ-de-bataille-de-nos-ayatollahs-de-lecologie) , mais il serait bon temps de comprendre que la transition écologique ne pourra se faire avec une intervention quasi-permanente de l’Etat. Ce dernier, doit fixer des règlementations dans certains domaines (la mobilité par exemple), en revanche, la manière avec laquelle les individus s’alimentent ou font des bébés, cela relève de leur vie privée et en aucun cas l’Etat n’a à s’en mêler.  Jean-Marc Jancovici, prononce un slogan de bobo, dans lequel il nous explique qu’il faut manger moins de viande pour sauver le planète (ceci sans compter le fait que la France est un pays qui mange très peu de viande à l’instar d’autres (la Chine par exemple, s’ouvre de plus en plus à la consommation de viande). Comme je l’avais expliqué, si demain tout l’Occident devenait végan, la consommation de viande continuerait d’augmenter et, ce, à cause de l’Asie. Jancovici propose donc de tout mettre en œuvre pour limiter la consommation de viande des français, et ce à travers des bonnes vieilles méthodes interventionnistes dignes de l’URSS : quotas de viande, prix triplés des kilos à la ferme et fixés par l’Etat. Il considère que ceci permettrait de réduire radicalement la consommation de viande et d’aider les agriculteurs à ne pas être précaires. Même Mélenchon n’était pas allé aussi loin dans ces propositions.

« Nous ne résoudrons pas le problème du monde fini avec des outils libéraux » : du pragmatisme vous dîtes ?

Qu’il faille manger de la viande de meilleure qualité est une certitude, et ce, pas uniquement pour des raisons écologiques mais aussi de santé publique. Pour cela, il faut faire, exactement l’inverse de ce que préconise Jancovici : rendre notre agriculture plus compétitive et plus performante en assouplissant les normes sanitaires et les charges, créer des prêts d’honneurs pour les circuits courts… En clair, rendre notre agriculture moins chère. Ceci pourrait réellement aider à lutter contre l’élevage intensif, Jean-Marc Jancovici n’aborde même pas la question. Ce qu’il préconise, c’est l’encadrement des prix, soit, encore un peu plus de ce qui n’a jamais fonctionné.  Il dit que les outils « libéraux » sont « conçus pour un monde infini qui n’existe plus ». La réalité est tout autre, c’est en donnant les moyens aux agriculteurs français de produire de se moderniser et de produire en qualité qu’un marché pourra s’effectuer et que l’agriculture française pourra rivaliser avec les grandes exploitations industrielles. Jancovici ne donne pas de chiffrage précis mais rien ne garantit qu’il ne luttera durablement contre la précarité agricole que ces propositions engendreraient. En revanche, il existe aujourd’hui une injustice profonde et scandaleuse : les plus précaires, ne peuvent avoir accès aux spécialités culinaires notamment dans le domaine de la viande, parce-que cela est trop cher, ils se retrouvent emprisonnés par la malbouffe. La proposition de Jancovici est une amplification drastique de ces inégalités puisqu’il veut tripler le prix au kilo, donc il souhaite exclure les classes moyennes et populaires de toutes consommations de viande. La viande serait un met de riches, alors qu’aujourd’hui, nos agriculteurs sont en mesure d’en produire pour toute la France. Encore une proposition  totalement simpliste de Jancovici qui serait désastreuse pour notre société et dont la justification écologique est totalement inexistante

« La croissance verte est une lubie d’économiste ! », dixit celui qui n’a aucun diplôme en économie…

Nous pourrions également citer le fait qu’il considère d’une manière totalement déconnectée des réalités économiques que la croissance durable ne peut exister et que seule la décroissance est viable puisque selon lui, la croissance économique a été rendue possible, uniquement par l’énergie fossile. Or, cela est totalement faux : et ce, pour plusieurs raisons. Premièrement, la corrélation prétendue entre la consommation énergétique et la croissance économique s’est avérée vraie jusque dans la fin des années 90, ce n’est plus le cas aujourd’hui ! Comme le démontrent ces deux graphiques issus de l’excellent site internet « telos-eu »:

Nous avons donc la preuve que la croissance économique et la consommation énergétique sont progressivement en train de se décorréler, or l’argument sur lequel repose la défense de la thèse de notre ami Jancovici, c’est que la croissance économique est liée à la consommation énergétique, or, nous avons la preuve que c’est faux ! La raison est très simple, c’est l’innovation, c’est un des facteurs majeurs de la croissance économique: les nouvelles technologies permettent de consommer moins d’énergie, notamment fossile, c’était un fantasme avant, les graphiques montrent que c’est une réalité ! De plus, il est très important de prendre en compte que les économies occidentales sont majoritairement tertiarisées, donc d’activités moins émettrices en CO2. En fait, la thèse du lien entre croissance et consommation d’énergie n’est vraie qu’à technologie constante.

Concrètement, la France va créer beaucoup d’emplois dans les années à venir : le numérique, le recyclage, la transition écologique et énergétique. Dire que notre modèle économique n’est basé uniquement sur le CO2 est totalement faux, il ne faudrait pas oubliée que notre économie en France est une de plus décarbonées et qu’elle est surtout tertiarisée. Par ailleurs, beaucoup de pays arrivent à réduire leurs émissions de CO2 tout en augmentant leur croissance économique, c’est le cas du Danemark, du Royaume-Uni, de la France… De 32 pays dans le monde en clair. Les énergies propres vont créer des emplois, les théories de Jancovici reposent sur le fait que notre économie est corrélée aux émissions de CO2 et que notre économie ne serait pas en mesure de créer des emplois face à la transition énergétique, cela est du même niveau que ceux nous expliquant que le numérique va mettre toute la population au chômage, alors que c’est justement le contraire.

« La productivité augmente, mais on ne sait pas pourquoi elle augmente »

Ces deux sujets sont par ailleurs très liés : la transition numérique va bouleverser notre économie, notre vie quotidienne, il faut former la population massivement dans ce domaine. La transition écologique, c’est la même chose, cela va bousculer nos habitudes, mais rien ne démontre que notre économie ne saura pas s’adapter, les modèles de Jancovici reposent sur le fait que les humains seraient finalement très stupides au point de ne pas savoir créer le moindre emploi. En clair, il explique dans ces articles que ce sont les machines qui sont à l’origine de l’augmentation de la productivité ce qui est vrai, sauf que, par la suite, il émet un constat complètement délirant selon lequel nos machines ne seraient alimentées que par le CO2.  N’a-t-il pas entendu parler de l’électrification de l’économie ? (Avion bas-carbone, hydrogène vert…) Il explique par la suite, dans son article que la croissance économique serait proportionnelle aux émissions de CO2 ce qui est totalement faux comme je l’ai expliqué au-dessus. La formulation de son article dit, par ailleurs, en commentant les prévisions de croissance de l’agence européenne pour l’environnement: « la productivité augmente mais on ne sait pas pourquoi elle augmente », ce qui rassemble fortement à une approximation de grande ampleur qui pourrait être traduite de la manière suivante : « peut-être bien que oui, peut-être bien que non ».

Il faut construire moins de logements !

Nous pourrions citer énormément d’autres approximations  de sa part :  il nous expliquait par exemple assez récemment, qu’il n’était pas nécessaire de construire plus de logements puisqu’il existe beaucoup de logements vacants.  Ce constat est vrai, mais traduit encore une fois une vision technocratique de sa part. Evidement, au niveau national, nous avons beaucoup de logements vacants, mais il existe beaucoup de zones tendues où nous manquons de logements (il existe des simulateurs pour savoir où se situent ces zones tendues). Il est vrai que nous pourrions remettre en cause le fait que les pouvoirs politiques et économiques soient concentrés dans les grandes villes et donc que, conséquemment, il y a pénurie de logements au détriment des zones rurales qui croulent sous les logements inoccupés (cependant cela serait équivalent à se battre contre le mauvais temps). Mais il ne faut pas oublier que les zones tendues concernent aussi les zones frontalières, où beaucoup veulent s’installer afin de bénéficier des avantages liés au statut de frontalier (en particulier les revenus) et ça nous ne pouvons rien faire contre. Donc oui, il y a beaucoup de logements vacants en France, sauf qu’ils sont dans des zones largement fuies par la population (les zones rurales en tête) et que les lieux fortement demandés ne sont pas suffisamment équipés en logements, d’où l’intérêt de construire plus de logements. En revanche, nous pourrions repenser les constructions de façon à ce que celles-ci soient éco-responsables (favoriser les grandes structures en hauteur plutôt qu’en largeur par exemple).

Au final, pragmatique ou militant ?

En bref, Jean-Marc Jancovici est un ingénieur, indiscutablement compétent pour parler de certains sujets, notamment l’énergie. En revanche, dès qu’il cherche à élargir ses « réflexions » à des sujets sociétaux, économiques ou politiques, cela relève de l’approximation voire de la méconnaissance.  Jancovici, comme beaucoup d’écologistes, considère que l’écologie ne peut aboutir que par la destruction de notre économie, l’étatisme et la décroissance. Or, c’est tout le contraire, c’est l’écologie de marché qui nous permettra de mener à bien la transition écologique, ce n’est pas pour rien, que chaque matin, des entrepreneurs déposent des brevets pour des entreprises dans le domaine de « l’économie verte ».  Jean-Marc Jancovici semble rêver d’une société à la Chinoise, où le contrôle de la société et l’autoritarisme sont omniprésents, il a par ailleurs dit que la démocratie ne permettrait pas de lutter contre le changement climatique. Il me fait penser aussi à tous ces penseurs du dimanche soir, très forts pour critiquer l’action publique mais qui n’ont jamais eu la moindre once de courage pour mettre leurs « talents » au service de l’Etat. Dans tous les cas, si Jancovici rêve d’une société autoritaire à la Chinoise, qu’il aille au bout de sa démarche et qu’il aille admirer la beauté de cette société et son admirable fonctionnement, avec en particulier la politique de l’enfant unique qu’il ne cesse de vanter (et la performance écologique de ce pays qui est bien connue). Nous pouvons bien entendu imaginer que Xi Jinping sera parfaitement à même d’écouter ces prodigieux conseils !

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