Société

Antisémitisme : La République cessera-t-elle enfin de fermer les yeux ?

Le dimanche 12 Novembre a eu lieu un marche contre l’antisémitisme, organisée à l’initiative conjointe de Gérard Larcher (Président du Sénat) et de Yaël Braun-Pivet (présidente de l’Assemblée Nationale). Cet événement prend lieu dans un contexte de montée des actes antisémites en France (330 enquêtes ont été ouvertes depuis le 7 octobre et 1159 actes ont été relevés depuis cette date) à la suite du regain des tensions autour de la bande de Gaza, entre Israël et le Hamas, suite à l’Attaque du Hamas le 7 octobre 2023. Cette marche a réuni 182 000 personnes dans toute la France et 105 000 à Paris.  Cette marche réunissait des personnalités politiques de tous bords, allant du RN et de reconquête à une grande partie de la gauche sauf LFI.  La présence du RN et l’absence de LFI ont été particulièrement remarquées et commentés nous aurons l’occasion de revenir dessus. Cet événement rassemblait aussi des personnalités publiques telles que des acteurs, journalistes, chefs cuisiniers, etc… Est-ce que nous pouvons parler d’un succès ? Malheureusement, pas vraiment, c’est malheureusement beaucoup moins que d’autres marches de grande ampleur comme les marches républicaines à la suite de l’attentat de Charlie Hebdo en Janvier 2015, qui avaient réunies 3 millions de personnes. Cela ne veut pas forcément dire que la question des juifs n’intéresse plus la population, diverses raisons peuvent expliquer cela. Evidemment, si le nombre de personnes présentes à la marche ne peut être une satisfaction totale, il ne faut pas non plus que la manifestation de la veille exigeant un « cessez-le-feu » et aux tendances légèrement pro-palestiniennes a réuni 16 000 personnes.  Cette marche est donc un succès mitigé, mais ne doit pas occulter la problématique de l’antisémitisme et plus particulièrement du nouvel antisémitisme, toujours présente en France et exacerbée ces dernières semaines.  C’est ainsi qu’après l’émotion doit venir le temps de l’action et le temps de mesures fortes de la part de l’Etat. Mais avant cela, il est nécessaire de caractériser l’antisémitisme et de rappeler qui est responsable de sa montée depuis 1 mois.

Le nouvel antisémitisme

Tout d’abord, nous vivons, malheureusement, ce qui peut être qualifié de « nouvel antisémitisme », celui-ci émerge depuis la fin des années 60, à la différence du « vieil antisémitisme » il émane à la fois d’une extrême droite antisémite mais aussi d’une extrême gauche altermondialiste et profondément antisioniste et antiaméricaine.  Ce qui caractérise ce nouvel antisémitisme, c’est tout d’abord, un révisionnisme profond voire un négationnisme : selon ses partisans, les juifs auraient un discours victimaire perpétuel et qui exagèreraient leurs souffrances (ceci occulte légèrement le fait que cette communauté a connu un génocide qui a exterminé près de six millions de ses pratiquants, soit plus d’1/3 de la population juive totale à l’époque).  Deuxièmement, le nouvel antisémitisme, fonde son discours sur un amalgame entre les juifs et Israël, et donc produit un imaginaire collectif selon lequel les juifs seraient tous des soutiens de la politique Israélienne à Gaza. Et enfin, il y a le complotisme récurrent, celui d’un prétendu lobby juif qui aurait infiltré les institutions, ça se manifeste notamment par tout le complotisme autour de George Soros,  de la famille Rothschild etc… Le complotisme contemporain est intrinsèquement antisémite en grande majorité, si nous lisons la plupart des théories contemporaines, la finalité c’est toujours une manipulation qui serait orchestrée par Rothschild ou Soros. Exemple, durant les manifestations antivax, plusieurs pancartes avaient été arborées avec le slogan « qui ? » et qui faisait un listing de personnes de confession juive, sous-entendu que ce seraient eux qui orchestraient cette obligation vaccinale puisqu’ils seraient à la tête de la prétendue « big pharma ». Ce seraient ainsi les juifs qui contrôleraient tout, du politique à l’économique. Si ces théories est en constante progression en France et a déjà atteint un nombre d’adhérents importants aux USA, elle reste minoritaire à l’échelle européenne et heureusement.  Le problème étant que l’antisémitisme ne se limite pas au discours de quelques ânes ahuris persuadés que dix personnes se réunissent dans une cave pour établir une domination planétaire.

L’antisémitisme d’extrême gauche

Des partis politiques aujourd’hui, en France, continuent de colporter des thèses antisémites et nous l’avons vu, aujourd’hui, l’antisémitisme vient tout autant de l’extrême droite que de l’extrême gauche et surtout qu’il est maintenant exprimé par des personnalités politiques majeures.

C’est ainsi que nous allons nous intéresser au discours de la France Insoumise particulièrement troublant depuis quelques semaines. Petit recap :

  • Le 7 octobre et les jours qui ont suivi, les députés insoumis, en immense majorité, ont refusé de qualifier l’attaque du Hamas de « terroriste », certains ont même qualifié cette organisation de « mouvement de résistance », aucun insoumis n’a employé le terme « Pogrom », préférant parler de « crimes de guerre », ce qui faux d’un point de vue juridique mais en dit long sur la volonté des insoumis de minimiser les actes du Hamas (et donc de faire passer cette communauté comme victimaire, cf : définition du nouvel antisémitisme au-dessus)
  • Après, les députés insoumis ne sont évidemment pas revenus sur leurs propos et ont continué à être en roue libre :  
  • Lorsque la présidente de l’Assemblée Nationale, Yaël Braun-Pivet (de confession juive) s’est déplacée à Tel-Aviv, il a tweeté : « camper à Tel-Aviv pour encourager le massacre », le sous-entendu antisémite ne fait que peu de doute…
  • David Guiraud a tenu des propos le 10 novembre dans lesquels il relativise l’horreur des attaques du Hamas du 7 Mars ou encore s’est réappropriée certaines théories complotistes comme cella d’un bébé assassiné dans un four lors d’une attaque Israélienne, envers Gaza, alors que cette théorie n’a jamais été vérifiée. Un article a assez bien résumé ses propos : « Le bébé dans le four, ça a été fait par Israël » : polémique après les propos de David Guiraud, député LFI – Le Parisien

Le point culminant, ça a été le refus de participer à la marche contre l’antisémitisme du 12 novembre. Initialement, la raison aurait été le fait que le RN participe à cette manif, mais plus tard, Mélenchon nous a pondu le tweet suivant, beaucoup plus clair sur ses intentions : «  Dimanche manif de « l’arc républicain »du RN à la macronie de Braun-Pivet. Et sous prétexte d’antisémitisme, ramène Israël-Palestine sans demander le cessez-le-feu. Les amis du soutien inconditionnel au massacre ont leur rendez-vous. ».  Nous y sommes, il ne fait aucune différence entre le fait de lutter contre des actes antisémites et le fait de soutenir la politique extérieure Israélienne.

Ainsi, la France Insoumise, rassemble bel et bien tous les critères de l’antisémitisme : négationnisme, relativisation des actes antisémites en France et en Israël et antisionisme qui ne fait aucune différence entres les juifs et le gouvernement Israélien. Oui, la France Insoumise est un parti antisémite, oui Jean-Luc Mélenchon est antisémite.

Pour rappel, l’antisémitisme, le négationnisme mais aussi l’apologie du terrorisme sont des délits punis par la loi, des procédures ont déjà été enclenchées par des associations, il me paraîtrait de tout à fait normal qu’elles aboutissent.

En attendant, ce que nous constatons surtout, c’est que les insoumis, ne cessent de jouer les pleureuses italiennes pour parler des morts Palestiniens, mais n’ont strictement aucune compassion pour les morts Israéliens. En réalité, nous l’avons déjà évoqué à de multiples reprises dans des articles précédents, Mélenchon et ses amis font du clientélisme électoral et plus largement, le vote Insoumis est aujourd’hui un vote communautaire. Preuve en est du fait que celui-ci a réalisé des scores mirobolants dans les banlieues, notamment de Seine-Saint-Denis et preuve en est qu’il a réalisé, selon l’IFOP, 69 % chez les électeurs musulmans au premier tour de la présidentielle 2022. Preuve en est enfin, qu’ils participent à des manifestations dans lesquelles est parfois scandé des slogans islamistes.

L’antisémitisme islamique

En tenant ce genre de propos, les insoumis espèrent surfer sur la vague antisémite qui émerge dans les banlieues, notamment par le biais de l’islamisme. Et c’est justement, le deuxième propos que je souhaite partager, celui de l’antisémitisme islamique en France. En effet, se balader avec une kippa dans certaines banlieues devient impossible, les enfants juifs sont de plus en plus scolarisés dans des écoles privées juives parce que l’école publique est trop dangereuse,  pas plus tard que ce matin des chants antisémites ont été entonnés dans le RER .  Ils utilisent l’argument Palestinien, pour justifier un antisionisme radical : la haine à l’égard d’Israël en tant qu’entité sioniste et donc en tant qu’Etat juif, et donc une haine envers les juifs. La haine d’une partie évidemment infime des musulmans envers la communauté juive a toujours été existante, ne pas oublier que lors des guerres Israélo-Arabes, des soldats nazis ont été recrutés dans les armées Egyptiennes et Syriennes. Le communautarisme qui nait dans les banlieues est intrinsèquement antisémite. Enseigner la Shoah en banlieue  est devenu une difficulté.   Preuve en est les réactions d’une partie de la communauté musulmane suite à cette marche, en particulier le CFCM, dès que nous parlons d’antisémitisme, la première réaction qui vient est : «  et l’islamophobie ? ».

Preuve en est les réactions d’une partie de la communauté musulmane suite à cette marche, en particulier le CFCM, dès que nous parlons d’antisémitisme, la première réaction qui vient est : «  et l’islamophobie ? ». Petit rappel à cela, l’islamophobie n’existe pas, parce qu’en France, nous avons le droit de critiquer une religion, cela s’appelle la constitution. Ce  qui est interdit c’est de s’en prendre à des personnes en raison de leur religion (les cibler pour cela).

L’islamophobie n’existe pas

De même, selon Statista, en 2022, on a compté : 188 actes antimusulmans et 436 actes antisémites la même dannée  et petit rappel : 1159 actes antisémites ont été dénombrés depuis le 7 Octobre 2023. Enfin, dernier rappel, on compte 3,4 millions de musulmans en France (source INSEE) et  448 000 juifs en France. En clair, cela représente presque 2,5 fois plus d’agressions de personnes juives en France par rapport aux musulmans par an, pour une population  7,5 fois moins importante. Je le répète ainsi : l’islamophobie n’existe pas et le racisme antimusulman est résiduel. Des personnes tuées parce qu’elles sont musulmanes, c’est presque inexistant. Nous le voyons au quotidien : porter une kippa dans la rue est aujourd’hui dangereux, porter un voile ne l’est pas.

Et le Rassemblement national ?

Enfin, il serait bon de finir sur le Rassemblement National, dont la présence a beaucoup fait parler. Si le Rassemblement national semble avoir opter pour s’auto-proclamer « ami des juifs » et choisir le soutien à Israël, il serait bon de creuser en détail l’évolution du RN à ce sujet. Marine le Pen, tout d’abord, si effectivement, n’a jamais tenu de propos antisémites au grand public, elle a en revanche été celle qui a toujours refusé de reconnaître la responsabilité française dans la rafle du Vel d’Hiv’. Aujourd’hui, parmi les 88 députés RN, nous pouvons compter un député (Frédéric Boccaletti) a tenu une librairie vendant des ouvrages négationnistes et antisémites.  La société encore en charge de la communication du Rassemblement National, notamment pour les européennes de 2024, se nomme « E-politics », c’est une association détenue, entre autres, par Frédéric Chatillon et Axel Lousteau, connus pour leur proximité avec Alain Soral et Dieudonné mais aussi pour leur militantisme au sein du GUD. Ces deux personnalités font d’ailleurs toujours partie de l’entourage proche de Marine Le Pen et à ce jour personne ne sait si elle a coupé les liens avec ceux-ci ou non.  Le Rassemblement National reste un parti avec une histoire trouble à ce sujet, preuve en est le discours de Bardella, son président, qui considère que Jean-Marie Le Pen (connu pour avoir qualifié la Shoah de point de détail de l’Histoire) n’est pas antisémite. Le Rassemblement national ne peut pas être l’ami des juifs  à partir du moment où ces personnalités citées précédemment, peuvent faire partie des conseillers de cabinet de Marine Le Pen si celle-ci venait à accéder aux fonctions, du moins ceci a été la mise en garde de certains anciens élus RN comme Aymeric Chauprade.

Après l’indignation: que faire ?

Pour finir se pose la question suivante : que faire ? Marcher, exprimer son indignation, c’est un bon début, mais c’est loin d’être suffisant. Il faut des actes, des actes forts. Cela va de pair avec le nécessaire rétablissement de l’autorité de l’Etat. La sévérité doit être de mise pour les condamnations des actes antisémites mais c’est à tous les leviers qu’il faut agir.

Premièrement, cela devrait déjà être fait depuis plusieurs semaines, mais aux vues du contexte, dans toutes les classes de France, de l’école primaire au lycée devrait avoir lieu une sensibilisation à la Shoah et à l’antisémitisme, admettons une demie-journée. L’objectif c’est de réaffirmer certains principes. Auquel cas, il faudrait être intraitable avec les perturbateurs, notamment aller jusqu’au fichage.

Deuxièmement, il est plus que temps de remettre à l’ordre du jour, une proposition de loi qui avait été refusée par le passé, qui visait à reconnaître l’antisionisme comme un antisémitisme et le condamner comme tel. Puisque l’antisionisme n’est aujourd’hui qu’un moyen édulcoré de cracher une haine à l’égard du peuple juif.

Enfin, la question de l’immigration ne peut être occultée. Nous l’avons vu, il y a un lien entre l’immigration arabo-musulmane et la montée de l’antisémitisme. L’objectif n’est pas de faire d’amalgame mais rappeler que nous assistons à de sérieux problèmes d’assimilation au sein d’une partie de la communauté maghrébine.

Pour conclure, rappelons que si l’antisémitisme d’extrême droite existe toujours mais qu’il est aussi concurrencé maintenant par un antisémitisme d’extrême gauche et islamique,  l’Etat est le seul à même de changer les choses, car l’antisémitisme, nous savons où ça commence et où ça se termine.

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